Derrida
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Derrida, la vision : pleurs et aveuglements                     Derrida, la vision : pleurs et aveuglements
Sources (*) : Derrida, sur sa vie               Derrida, sur sa vie
Jacques Derrida - "Mémoires d'aveugle, L'autoportrait et autres ruines", Ed : RMN, 1990, p15, note 1

 

Tobie rendant la vue a son pere (dessin attribue a Rembrandt, date inconnue) -

Le livre de Tobie

Les figures de l'aveuglement sont dominées par la filiation père/fils où le père, ayant perdu la vue, se retire devant le fils

Le livre de Tobie
   
   
   
               
                       

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Dans la tradition grecque comme dans la tradition biblique, les "grands" aveugles sont des hommes. Citons : Oedipe, Tirésias, Homère, Isaac, Tobit, etc. Certes il y a quelques femmes aveugles (Sainte Lucile ou Sainte Odile), mais elles n'occupent pas la même position. A Jericho, c'est à des hommes aveugles que le Christ rend la vue, et quand les dessinateurs veulent représenter des aveugles, ce sont presque toujours des hommes. Pourquoi? L'aveuglement touche au pouvoir, à l'érection. Debout, l'aveugle est désorienté, il tend la main en avant, il risque à chaque instant la chute. Souvent, il est vieux, en attente ou en mal de fils. Il est sur le point de mourir (de perdre la vie). Perdre en même temps la vue, la vie et ses fils - c'est-à-dire toute possibilité d'avenir, c'est le mal radical, celui qui affecte cet autre homme aveugle, le grand-prêtre Èli (I Samuel, 4:15).

Quand Isaac doit choisir entre ses deux fils, Esaü et Jacob, c'est-à-dire en sacrifier un, il laisse, par l'intermédiaire de sa femme Rebecca, ce choix se faire "en aveugle". Il renonce ainsi à sa lucidité, à sa puissance paternelle.

Dans l'histoire de Tobit, lui-même et sa femme pleurent beaucoup à propos de leur fils Tobias : quand il part, quand il revient, quand il rend la vue à son père. Puis l'ange Raphaël leur ordonne d'inscrire la mémoire de l'événement, de rendre grâce à Dieu en en faisant une oeuvre. Ils s'acquittent de leur dette par le récit, par l'archive

 

 

Jacques Derrida parle rarement de son propre père, et quand il en parle, c'est sur le mode du retrait. C'était un homme discret, modeste. Dans le rêve qu'il raconte dans Mémoires d'aveugle, p23, le père comme tel ne se manifeste pas, il est remplacé par des vieillards, peut-être ses aïeux (car, même en tant que fils, ce père s'efface devant ses pères). L'un des vieillards se saisit du rêveur, il menace ses fils, mais tombe ensuite par terre avec lui. Ce sont eux, les vieillards, qui le prennent à partie, tandis que le père (pas celui du rêve, le père réel), aime ensevelir les morts de sa communauté (p30) - prenant peut-être le risque, comme Tobit, d'être contaminé par une maladie des yeux. Tout se passe comme si Jacques Derrida se sentait obligé de faire revenir les vieillards que son père a ensevelis.

 


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1990.AV.KLL

TobieVue

JH.JJH

UDessinAveuglement

Rang = PAveuglementFiliation
Genre = MR - IA