Pour Freud, le principe de plaisir, défini comme la tendance à réduire ou stabiliser les excitations, fait partie des acquis de l'expérience analytique. Mais le concept de refoulement, qui semble le contredire, en fait lui aussi partie. Comment justifier à la fois que la notion de plaisir puisse être déduite de l'expérience consciente, perceptive, subjective, comme une évidence phénoménologique, et qu'un refoulement puisse se produire, parce qu'un sujet aura vécu, perçu un plaisir comme déplaisir? L'association des deux semble contradictoire, une sorte de folie, sauf si l'on prend en considération le second principe que Freud a dérivé du premier : le principe de réalité. Le refoulement intervient entre l'un et l'autre. Il conduit à l'évitement d'un plaisir, pour éviter un déplaisir encore plus grand. Dans Au-delà du principe de plaisir, Freud ajoute à ces deux principes un troisième élément : la pulsion de mort. La persévérance dans la répétition du déplaisir tiendrait aussi, en plus, à cette pulsion originaire, incompatible avec le principe de plaisir, et peut-être en définitive la pulsion principale, celle qui conduit inéluctablement à la mort. Jacques Derrida fait remarquer que si l'on tient compte de ces trois sources, alors on doit renoncer à une spéculation philosophique ou scientifique classique. Les contradictions sont telles que les mots perdent leur sens. La spéculation freudienne franchit les limites de la logique, ce n'est pas une thèse au sens classique, c'est une athèse.