Chez Freud, rien ne maîtrise le principe de plaisir. C'est un principe premier qui revient toujours à lui-même, une "tauto-téléologie", écrit Derrida, car il n'a pas d'autre finalité que cette tautologie. Si l'on définit la maîtrise par le retour sur soi, "la répétition du paraître, de la présence, de la représentation", alors le principe de plaisir consiste en la maîtrise en général. Pour Freud, quand l'enfant du Fort/Da fait revenir l'objet, c'est alors qu'il a son plus grand plaisir. En maîtrisant la réapparition, c'est soi-même qu'il fait revenir. Dans une note d'Au-delà du principe de plaisir, Freud raconte qu'un jour l'enfant s'est regardé lui-même dans un miroir, puis il a fait disparaître son image spéculaire en criant o-o-o-o! S'identifiant à la mère, l'enfant pouvait faire apparaître et disparaître à volonté son image dans le miroir. Ici la jouissance ne dépend plus d'un autre, elle est capitalisée; l'enfant "se maîtrise symboliquement", il peut s'appeler et se rappeler, comme on signe un contrat avec soi-même, ou comme on appelle une idée.

Le plaisir de l'enfant, c'est de faire revenir le couple disparition / réapparition. Ce plaisir n'est pas incompatible avec la répétition, au contraire. Il est circulaire.