Le principe de plaisir, qui suppose que la vie psychique se règle sur des échanges, des quantités, des liaisons d'énergie, une certaine maîtrise du plaisir, du déplaisir et de la jouissance, est par essence économique. En introduisant la compulsion de répétition, l'hypothèse de la pulsion de mort, Freud s'engage dans une autre logique. Il y aurait à la fois dans le principe de plaisir et indépendamment de lui une tendance toute autre dont il ne peut pas rendre compte dans les mêmes termes que ceux qu'il a utilisés pour ses élaborations théoriques antérieures. Comme théoricien de la psychanalyse, il devrait pouvoir répondre à cette difficulté, c'est ce à quoi il est engagé. Mais c'est impossible. La pulsion de mort ne se donne ni dans les mots de la langue courante ni dans ceux des autres sciences, ni même dans ceux de ses Topiques antérieures. Elle s'esquive. Freud est en défaut. Il a une dette à l'égard du lecteur à laquelle il ne peut pas répondre. Il pourrait aller plus loin dans sa construction, proposer d'autres concepts, mais il fait un autre choix, sans autre raison que son bon plaisir. Du point de vue du lecteur ou du disciple, c'est impardonnable. C'est une effraction, une faute, un crime; mais du point de vue de Freud, c'est un retrait légitime. Il ne pouvait que transgresser cette économie qu'il mettait en question.

Et pourtant, malgré cette transgression, il ne franchit pas la limite. Il reste attaché à cette économie sans laquelle on ne pourrait même pas poser de problématique. Il a montré qu'il n'y avait pas de bord [entre PP, PR et PM] mais, dans l'irrésolution, il reste au bord.