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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, violence, cruauté                     Derrida, violence, cruauté
Sources (*) :              
Jacques Derrida - "Glas", Ed : Galilée, 1974, pp155as

 

Combat a l'epee, 16e siecle -

Dans la lutte à mort hegelienne pour la reconnaissance, il faut détruire violemment, exterminer, mettre à mort, anéantir sans reste, la singularité de l'autre comme telle

   
   
   
               
                       

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Dans la famille telle qu'elle est décrite par Hegel, les parents organisent la relève d'eux-même par l'éducation des enfants. En contemplant dans le miroir de l'enfant leur disparition, ils perdent leur conscience dans sa conscience. Il faut, pour la former, que leur singularité, et aussi leur différence sexuelle, disparaisse en lui. Par nécessité structurale, c'est leur propre mort qu'ils organisent (p150a). La présence de leur semence dans le nom est le signe vivant de cette mort qu'ils nient, qui est dans l'enfant [ce n'est pas leur mort effective, c'est l'être de leur mort qui est dans l'enfant]. Cette violence passe par les instances de la voix, du langage, du travail et de l'instrument. Elle idéalise le père en l'anéantissant (p151a). Les parents s'approprient l'enfant en le regardant comme leur propre relève. L'eidos (idéalisation) se produit comme oikos (habitation, temple, tombeau, race), dans tous les lieux où le propre est gardé (p152a).

C'est ici que Jacques Derrida fait intervenir la lutte à mort pour la reconnaissance. Dans La Phénoménologie de l'Esprit, cette lutte est présentée comme dialectique du maître et de l'esclave. Mais dans un autre texte, La Philosophie de l'Esprit, elle est située à l'intérieur de la famille (p153a). Ce ne sont pas les chefs (de famille) qui s'opposent, mais des consciences qui n'ont été constituées en totalité, ne se sont posées, ne sont devenues conscientes, que par le détour d'une autre conscience, par le procès familial (p154a). La singularité de ces totalités individuelles dressées face à face excluant celle de l'autre, elles ne peuvent s'opposer que violemment. Dans la lutte à mort, l'autre doit être supprimé, exterminé, détruit, sa singularité doit être totalement et infiniment engloutie. L'offense (outrage, viol ou injure) ne peut s'achever que par une mort qui n'est pas seulement symbolique ou linguistique, mais réelle (p156a) [ce qui distingue cette lutte de l'éducation des enfants]. Il ne peut y avoir relève (Aufhebung) que si l'autre est totalement exproprié de toute singularité. C'est une lutte réciproque : en exposant la vie d'autrui, on risque aussi nécessairement la sienne. La lutte à mort est dangereuse.

 

 

Si on ne peut faire reconnaître son désir par autrui qu'en détruisant ce qui en lui est singulier, alors ce désir est conditionné par cette destruction. Le désir présuppose cette violence, ce mal radical. Dans la dialectique hegelienne, la singularité de l'autre ne peut jamais être relevée. On ne peut pas l'idéaliser ou la généraliser dans l'"esprit" d'un peuple ou dans un savoir absolu.

 


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