Derrida
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de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Lévinas : "Il faut" l'inconditionnel                     Lévinas : "Il faut" l'inconditionnel
Sources (*) : Derrida, le don               Derrida, le don
Jacques Derrida - "Psyché, Inventions de l'autre (tome 1)", Ed : Galilée, 1987, p164

 

Sa main -

L'oeuvre, un don

Jacques Derrida désire donner le donner même du donner, un donner qui ne soit ni un objet, ni un dit, ni quelque opération assez identique à elle-même pour revenir au même

L'oeuvre, un don
   
   
   
               
                       

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Dans En ce moment même dans cet ouvrage me voici, ce texte qu'il consacre ou plutôt dont il offre l'hommage à Lévinas, un an après sa mort, Jacques Derrida analyse le don que Lévinas nous aura fait avec son oeuvre. Par ce don, dit Derrida, "Il nous aura obligés". Mais qui est ce "Il"? Qui donne? Derrida organise, dans ce texte, l'ambiguité. Est-ce lui-même qui donne à son interlocutrice un texte qu'elle entend et qui l'oblige, elle? Cela voudrait dire que, pour donner à Lévinas (mort), il doit s'adresser à une autre (fictive) en lui donnant de lui-même (mort aussi) sans en attendre aucune gratitude, aucun hommage en retour, sans s'engager jamais dans une chaîne de restitutions qui trahirait l"injonction lévinassienne au don gratuit, sans réciprocité. Tâche impossible qui le mène fatalement à la faute (la dette, la restitution, la gratitude, l'échange, l'économie).

Le seule façon de s'en sortir, c'est de donner une chose qui ne pourra en aucun s'échanger. Quelle chose? L'acte de donner lui-même.

"Je désire tenter de donner à E.L.. Ceci ou cela? Telle ou telle chose? Un discours, une pensée, un écrit? Non, cela encore donnerait lieu à échange, commerce, réappropriation économique. Non, lui donner le donner même du donner, un donner qui ne soit même plus un objet ou un dit présent, puisque tout présent reste dans la sphère économique du même" (En ce moment même en cet ouvrage me voici, in Psyche 1, Inventions de l'autre, p164).

N'est-ce pas cela, l'ambition ultime de Jacques Derrida dans son oeuvre, donner le don?

"Rien n'est plus difficile que d'accepter un don. Or ce que je "veux" "faire" ici, c'est accepter le don, l'affirmer et le réaffirmer comme ce que j'ai reçu. Non pas de quelqu'un qui, lui, en aurait eu l'initiative, mais de quelqu'un qui aurait eu la force de le recevoir, de le réaffirmer. Et si c'est ainsi que je te donne (à mon tour), cela ne sera plus une chaîne de restitutions mais un autre don, le don de l'autre. L'invention de l'autre. Est-ce possible? Est-ce que cela aura été possible? Mais cela ne doit-il pas avoir eu lieu déjà, avant tout, pour que la question même en surgisse, ce qui la périme d'avance?" (En ce moment même en cet ouvrage me voici, in Psyche 1, Inventions de l'autre, p163).

 

 

D'où vient ce désir de donner? S'il ne provient d'aucune contrainte, d'aucun contrat, d'aucune reconnaissance, d'aucune restitution, de rien qui soit de l'ordre de l'échange ou de la dette, alors c'est qu'il est la résultante d'un événement unique, irremplaçable, d'un droit qui ne relève d'aucun droit, ou d'une chose étrange que Derrida, suivant Lévinas, nomme la rectitude ou la sincérité. Or cette chose, ce lieu de provenance, selon lui, se dit au féminin. Elle est du côté de celle qui donne à manger et à boire, de celle qui écoute, de celle qui accueille, de celle à laquelle il s'adresse en ce moment même.

 


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