Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, théologie négative                     Derrida, théologie négative
Sources (*) : Derrida, sa Cabale cachée               Derrida, sa Cabale cachée
Jacques Derrida - "Psyché, Inventions de l'autre (tome 2)", Ed : Galilée, 2003, p168

 

Le roi et la mort (Louis Soutter, 1923-30) -

Derrida, la trace

Pour toute oeuvre, un événement singulier est présupposé : une trace qui n'advient qu'en s'effaçant, n'arrive irréductiblement, dans son idiome, qu'à devenir cendre

Derrida, la trace
   
   
   
Derrida, le rien, khôra Derrida, le rien, khôra
Derrida, l'événement               Derrida, l'événement  
Derrida, l'art, l'oeuvre                     Derrida, l'art, l'oeuvre    

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Parlant dans un colloque à Jérusalem, sur le thème "Midrash and Literature", Jacques Derrida traduit à sa façon cette thématique : "Il y va d'abord, puisque tel est le topos de notre colloque à Jérusalem, de poésie, de littérature, de critique littéraire, de poétique, d'herméneutique et de rhétorique : de tout ce qui peut faire communiquer la parole ou l'écriture, au sens courant, avec ce que j'appelle ici une trace" (p167). La trace étant toujours ce qui s'efface, ce qui "n'arrive qu'à s'effacer", il choisit cette occasion pour faire le point sur la théologie négative (ce qui n'est pas tout à fait la thématique du colloque). Comment l'oeuvre peut-elle communiquer avec la trace? De manière apophatique, en ne parlant pas de ce dont elle parle - ce qui suffit pour qu'un événement ait lieu. L'oeuvre garde la trace d'un événement plus vieux qu'elle, dont elle évite de parler. Quelle qu'en soit la forme (discours, promesse, prière, louange, célébration), il faut qu'elle commence par une adresse à ce lieu, qui est sa cause (et qu'on peut nommer Dieu).

"Cet événement toujours présupposé, cet avoir-eu lieu singulier, c'est aussi, pour toute lecture, toute interprétation, toute poétique, toute critique littéraire, ce qu'on appelle couramment l'œuvre : au moins le déjà-là d'une phrase, la trace d'une phrase dont la singularité devrait rester irréductible et la référence indispensable dans un idiome donné. Une trace a eu lieu. Même si l'idiomaticité doit nécessairement se perdre ou se laisser contaminer par la répétition qui lui confère un code et une intelligibilité, mais si elle n'arrive qu'à s'effacer, si elle n'advient qu'en s'effaçant, l'effacement aura eu lieu, fût-il de cendre. Il y a là cendre. Ce que je viens d'évoquer à l'instant semble ne concerner que l'expérience finie d'œuvres finies. Mais la structure de la trace étant en général la possibilité même d'une expérience de la finitude, la distinction entre une cause finie et une cause infinie de la trace paraît ici, osons le dire, secondaire" (Comment ne pas parler, in Psyché, Inventions de l'autre II, p168).

 

 

Jaques Derrida associe cette analyse du rapport de l'oeuvre à la trace à une autre formule devenue célèbre : "La différence infinie est finie" (La voix et le phénomène). L'oeuvre, finie, est un effet de trace, mais sa trace comme cause est inaccessible, infinie. On ne peut pas distinguer en elle le fine (ce dont il faut parler) de l'infini (ce dont on ne peut rien dire).

 


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