Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, la photographie                     Derrida, la photographie
Sources (*) : Derrida, une fois, une seule               Derrida, une fois, une seule
Jacques Derrida - "Psyché, Inventions de l'autre (tome 1)", Ed : Galilée, 1987, p299

 

Femme et photographe non identifies, 1935 -

Derrida, marque, re - marque, itérabilité

La force métonymique d'une photographie est celle qui est à l'oeuvre dans tout rapport (sans rapport) à une marque unique, singulière, irremplaçable : punctum ou référent

Derrida, marque, re - marque, itérabilité
   
   
   
Derrida, le référent Derrida, le référent
               
                       

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Roland Barthes repère, dans une photographie, un point singulier qui l'appelle, lui et personne d'autre. Il nomme ce point punctum, par opposition au studium, la légende ou le contexte d'une photographie que n'importe qui peut voir, décrire et analyser. Ce punctum est le référent de la photographie (ou un fragment de ce référent). Adhérant à l'image, à même la photographie, cet autre qui "a été", ce mort irremplaçable, irréductible, hétérogène qui fait retour, il me regarde, mais il ne me regarde pas n'importe comment, il me regarde à la manière qui me touche, moi, comme s'il était moi-même, comme si c'était moi-même, déjà mort, qui me regardait. Or, selon Roland Barthes analysé par Derrida, c'est cette marque unique, singulière, hors champ, hors lieu, qui envahit mon champ de vision, c'est cette marque qui se prête le plus à la métonymie. Elle mobilise les affects, elle se pluralise, elle est ailleurs. Par sa structure supplémentaire, elle exerce une force, une puissance, elle déclenche une dynamique contrapunctique et musicale. Le paradoxe du punctum, l'événement, c'est que cette blessure qui est à l'oeuvre dans la photographie irradie et devient le tout. Cette marque disparue, qui ne dit rien d'autre que "Je suis mort" (un "Je suis mort" à la fois passé et imminent), elle pousse à une surenchère, une "métonymie de la métonymie". La perte irréparable, irréversible, engage à la substitution, la reproduction, elle affecte, comme Derrida le dit énigmatiquement (p301), le tout de la vie. [C'est le paradoxe du fragment qui contient le tout, paradoxe qu'on retrouve par exemple, en 1991, dans un autre texte de Derrida, Circonfession, à propos de la circoncision].

Photographie d'une femme non identifiée prise par un photographe non identifié en 1935.

 

 

Jacques Derrida compare la singularité du punctum à ce qui arrive dans une amitié. Ce qui produit l'amitié reste lointain, secret, et pourtant cela nous arrive avec plus de force, plus d'intensité, que le plus proche. Pour qu'il y ait rapport amical, il faut un sans-rapport inaccessible, insu. Avec la modernité technique, on peut reproduire une photographie instantanée : la marque unique, irrépétable, se démultiplie. Pour d'autres oeuvres singulières dont Derrida propose une liste : Platon, Joyce, Descartes, Hegel, Mallarmé ou l'Apocalypse de Saint Jean (les plus grandes oeuvres, en somme), cette itérabilité peut opérer. Chaque fois, une force métonymique peut s'emparer de l'oeuvre unique, irremplaçable.

 


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