Derrida
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de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
L'élection juive, impossible                     L'élection juive, impossible
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "J.D. : un héritage à venir", Ed : Guilgal, 2018, Page créée le 11 mars 2017 Et il faut préférer l'incalculable, l'anéconomique

[On peut lire l'oeuvre derridienne comme un supplément au Kol Nidré, où le lien passé et à venir entre parole et dette serait, sans condition, suspendu]

Et il faut préférer l'incalculable, l'anéconomique
   
   
   
Essai : un singulier marrane Essai : un singulier marrane
                 
                       

1. Sur le Kol Nidré.

Le Kol Nidré est une déclaration, que les officiants prononcent trois fois au début de la grande cérémonie du Yom Kippour. Prononcée dans une autre langue, l'Araméen, il semble qu'elle se soit introduite "d'elle-même" dans le rituel, après l'époque talmudique, et sans qu'aucun grand décideur généralement reconnu ne l'institue.

La grande ambiguité de cette déclaration, c'est qu'elle est à la fois inconditionnelle et impossible. Elle contient implicitement toutes les apories du judaïsme, de l'élection elle-même, où coexistent la particulier et l'universel, aux exigences paradoxales : s'endetter sans économie, s'affirmer en se retirant, dire le secret qu'on garde, etc.

En entendant le Kol Nidré, Frank Rosenzweig a ressenti l'exigence absolue de rester dans le judaïsme. Le cas de Jacques Derrida est différent dans son histoire, mais peut-être pas tellement dans son fond, car il pourrait avoir réitéré, dans son œuvre, cette déclaration préliminaire faite avant Yom Kippour.

Le Kol Nidré, malgré tous les penseurs, théoriciens et exégètes, reste inexplicable. On le rapproche souvent de la place majeure qu'occupe la parole dans le judaïsme. Les vœux et serments, ceux des fidèles mais aussi ceux de Dieu, seraient tellement importants qu'il faudrait prendre, à l'avance (a priori et a posteriori), la précaution de les annuler. On éviterait ainsi les engagements non tenus et la médisance. Mais cette explication suffit-elle pour justifier cet acte qui annule toute parole, à la veille de la plus grande des cérémonies, celle qui engage le pardon, dans son effectivité et surtout dans son impossibilité? Cet acte, Jacques Derrida le radicalise. Rejetant la parole au sens classique dans la proximité du logos grec, il invite à un acte encore plus juif : sa résorption dans l'écriture.

 

2. Anéconomie.

C'est un extraordinaire paradoxe par rapport à l'antisémitisme courant et à l'antijudaïsme de l'Eglise. Selon Derrida, ce qu'il y a de plus juif, de plus singulier dans le judaïsme, c'est ce qui rompt avec l'économie. Bien sûr, comme dans toute religion, la logique de la dette et de l'échange le traverse de part en part : il suffit de livre le Lévitique. Mais de toutes les façons possibles, il y résiste, comme le montre le traitement du sacrifice dans le récit du sacrifice d'Isaac. Quand Jacques Derrida interprète ce sacrifice ou d'autres rituels, comme la circoncision ou le port du talith, c'est toujours le prisme anéconomique qui prévaut. Il en est de même quand il parle du "rien", du "sans contenu". Le "sans contenu" brise le cycle.

 

 

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Propositions

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[Derrida, judaïsme, judéités]

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[Derrida, la Torah]

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[Dans "Glas", Jacques Derrida prend au mot ce que Hegel reproche au judaïsme : il n'est pas de relève possible au "rien" invisible, innommable, au "sans contenu" des Juifs]

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[Nous sommes tous assignés à l'héritage irrévocable d'Abraham : hospitalité, responsabilité, subjectivité, pardon, secret, silence, mutisme]

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Y a-t-il, parmi les nombreuses réceptions de l'œuvre derridienne, une ou plusieurs qu'on puisse qualifier de réception juive? C'est difficile à dire. On ne peut pas dire qu'il y ait, de la part des institutions juives, une attention particulière. C'est une œuvre trop ambiguë, trop complexe, dont il est impossible de savoir si elle est dedans ou dehors. Y en a-t-il de la part des penseurs, des philosophes spécialistes du judaïsme ou eux-mêmes impliqués dans cette tradition? Ce n'est pas sûr. Il y a des textes, des articles, quelques livres, mais pas assez pour qu'on puisse parler de réception. Cela pose une question non pas circonstancielle, mais essentielle. Une telle réception est-elle seulement possible? Ou bien, par son caractère virtuellement communautaire, est-elle d'emblée incompatible avec la pensée derridienne? A cette question, on ne donnera jamais de réponse définitive, elle restera toujours pendante.

 


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