Le Marrane est l'être désorienté. Avant toute prise de conscience de la perte, il est pris dans une angoisse de néant, une terreur qui le hante, le fond sans fond intenable, inhabitable, où il sombre. L'imagination n'ayant plus aucun pouvoir transcendantal, sans appuis ni repères, perdant le sens, renonçant à tout désir de communauté. Sous un ciel qui n'est pas vide, mais peuplé d'étoiles, il a pour seul horizon "la pensée à venir de la désorientation désolée". Il ne s'agit pas de renoncer à penser, mais au contraire d'affirmer, positivement, la désorientation, de penser d'urgence une autre responsabilité.