Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Folie de la langue sacrée, maternelle                     Folie de la langue sacrée, maternelle
Sources (*) : Derrida, judaïsme, judéités               Derrida, judaïsme, judéités
Jacques Derrida - "Le monolinguisme de l'autre, ou La prothèse d'origine", Ed : Galilée, 1996, pp91-114

 

Kafka, son ecriture, sa signature a la fin d'une lettre a Milena -

Derrida, la mère, la matrice

Certains penseurs juifs, ashkénazes ou séfarades, se rejoignent dans leur rapport problématique à une langue maternelle dont ils se détachent, qui leur reste étrangère

Derrida, la mère, la matrice
   
   
   
               
                       

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Dans une longue note intercalée dans son livre Le monolinguisme de l'autre (pp91-114), Jacques Derrida établit une liste de penseurs juifs qui ont tous eu, d'une façon ou d'une autre, un rapport complexe avec leur langue dite "maternelle". Il ne s'agit pas d'une étude philosophique, mais d'une étude historique, socio-anthropologique. Dans chaque cas, on note une résonance avec la formule qu'il a établie pour lui-même (là où exceptionnellement, il s'attribue une identité : Juif séfarade) : Je n'ai qu'une langue, et ce n'est pas la mienne. Comme cette formule, la typologie avancée pourrait être généralisable, elle pourrait ouvrir à une taxinomie socio-historique du rapport aux langues étrangères.

- pour Franz Rosenzweig, le peuple juif n'a pas de langue en propre. Il parle la langue du peuple où il réside, mais sans jamais la posséder. Quant à la langue sainte, elle n'est la sienne que dans la mesure où il ne la parle pas. La prière atteste que la vie étrangère des Juifs a toujours lieu en terre étrangère. Et pourtant Rosenzweig s'est engagé dans un projet ambitieux de nouvelle traduction de la bible en allemand - ce qui démontrait son attachement à cette langue, pour lui irremplaçable, qu'il pensait pouvoir se réapproprier - mais cette réappropriation n'était qu'un cénotaphe, un tombeau.

- Gershom Scholem a adressé, en 1926, une lettre d'hommage à Franz Rosenzweig, où il avouait son angoisse à propos de la sécularisation de la langue hébraïque telle qu'elle se produisait à cette époque en Palestine. La langue sacrée, réduite à une composante de la langue courante, n'allait-elle pas se réveiller et ouvrir un abîme auquel seront confrontées les nouvelles générations? Scholem annonce le pire : une catastrophe, une apocalypse. Faire de cette langue une langue maternelle comme les autres était pour lui une profanation, comme si la langue du peuple juif devait lui rester étrangère.

- Comme Adorno, Hannah Arendt a souvent déclaré son attachement irréductible à une langue maternelle unique, l'allemand. Cette langue a, pour elle, toujours été là, et elle l'est encore (en 1965). Et pourtant, dans une interview, elle reconnaît que la langue allemande est devenue folle. Elle cherche alors à se rassurer. Les Allemands seuls seraient devenus diaboliques, et pas la langue. Elle devrait s'extraire, elle, de la folie de la langue, elle devrait y ajouter autre chose. Mais alors cela revient à faire comme d'autres locuteurs de l'allemand, cela revient à reconnaître qu'après "Auschwitz" (ce nom), un événement est arrivé dans la langue allemande. Ne serait-elle pas redevenue, pour Arendt aussi, une langue étrangère?

Kafka, son écriture, sa signature à la fin d'une lettre à Milena.

 

 

- Emmanuel Lévinas a souvent rendu grâce au français, la langue de l'amitié, de l'hospitalité, dans laquelle il écrivait. Mais ce n'était qu'une langue d'adoption ou d'élection. Jamais il n'a revendiqué de privilège pour une langue déterminée. Ni le russe, ni le lituanien, ni l'allemand, et pas même l'hébreu, ne semblaient avoir fonction pour lui de langue originaire ou de sol. "Ce qu'il dit du français dans son histoire propre, il l'accorde d'abord à la langue de la philosophie. La langue de filiation grecque est capable d'accueillir tout le sens venu d'ailleurs, fût-ce d'une révélation hébraïque" écrit Derrida (p111). La méfiance à l'égard du sacré, de la sacralité de la racine, le détachait de tout lieu originaire.

- Kafka et Celan écrivaient en allemand, mais ils n'étaient pas allemands. Et pourtant l'allemand n'était pas pour eux une langue d'adoption ou d'élection, c'était une langue d'usage, pas une langue d'accueil. En écrivant dans cette langue, ils s'éloignaient du judaïsme, mais sans trouver un autre sol.

- quant à Derrida (commenté par lui-même), ce séfarade, ce "Juif-Français-d'Algérie" (p97), on sait qu'il écrit en français, mais les réappropriations lui sont interdites (dit-il). La langue française était pour lui celle du colonisateur, il n'existait ni judéo-français ni judéo-arabe, le ladino avait disparu d'Afrique du Nord, l'hébreu était presque oublié. Il ne pouvait écrire qu'en français, sa langue unique, une langue qui n'était pas vraiment maternelle, mais toujours étrangère. [Curieusement, il ne parle pas de l'arabe]. Par rapport à sa typologie des Juifs ashkénazes, il laisse entendre que, lui, il cumulait toutes les extériorités. [Et pourtant c'est un grand écrivain de langue française, comme Freud - qui n'entre pas dans sa typologie - était un grand écrivain de langue allemande].

- et dans son texte, le dernier mot est pour Hélène Cixous. On ne peut que le citer : "Dans cette typo-topologie, mais aussi hors d'elle, en ce lieu de défi pour la distinction entre ashkénaze et sépharade, je me sens encore moins capable d'un discours à la mesure d'une autre poétique de la langue, d'un événement immense et exemplaire : dans l'œuvre d'Hélène Cixous, et de façon miraculeusement unique, un autre croisement tresse toutes ces filiations, les réengendrant vers un avenir encore sans nom. Cette grande-écrivain-française-juive-d'Algérie-sépharade qui réinvente, entre autres, la langue de son père, sa langue française, une langue française inouïe, il faut rappeler que c'est aussi une juive-ashkénaze-allemande par la "langue maternelle" (pp113-114).

 


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