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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
L'oeuvre, unique, est aussi réitération | L'oeuvre, unique, est aussi réitération | ||||||||||||||||
Sources (*) : | |||||||||||||||||
Jacques Derrida - "Limited Inc.", Ed : Galilée, 1990, p196 - - |
A priori, hors contexte, rien ne distingue une affirmation crédible, fixée par la tradition, d'une fiction ou d'un pur événement qui émerge soudain, d'un seul coup |
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Polémiquant contre John Searle qui soutient que la réussite d'un acte de langage dépend de l'intention du locuteur, Jacques Derrida reprend l'opposition entre les deux sens de l'expression "I pretend" mentionnée par Searle dans son texte : "Si je prétends être Nison pour tromper le service secret afin qu'il me laisse entrer à la Maison Blanche, je prétends dans le premier sens; si je prétends être Nixon en participant à un jeu de charades, c'est prétendre dans le deuxième sens. Or, dans l'usage fictionnel des mots, c'est le "prétendre" au deuxième sens dont il est question" (Searle traduit par Derrida). Premier sens de "I pretend" : je déclare, j'affirme que. Deuxième sens de "I pretend" : je fais semblant. Pour répondre à Searle, voici ce que Derrida écrit : "Pour l’instant, voici mon conseil, pour un jour où celui qui dit je (Searle) ne se trouverait plus, en 1975, à la New Literary History (Virginia), mais rêverait de se faire passer (je ne dis pas se prendre) pour Jimmy Carter et exigerait qu’on le laisse entrer à la Maison-Blanche. Dès qu’il aura des difficultés (comme on peut le prévoir), il dira aux services secrets, s’il suit mon conseil : c’était une fiction, I was pretending (au second sens) to pretend (au premier sens). Ils demanderont des preuves, des témoins, ne se satisfaisant pas des déclarations d’intention ; ils demanderont quelles sont les « conventions horizontales » de ce jeu. Alors, je conseille à Searle de dire qu’il joue tout seul, qu’il forme à lui seul toute une société, comme certains joueurs d’échecs jouent seuls ou se donnent des adversaires fictifs ; ou bien alors il dira qu’il fait l’expérience d’une fiction (« to pretend » au second sens) en vue d’un roman ou d’une démonstration philosophique pour Glyph "(Jacques Derrida, Limited Inc p196). |
On peut analyser cette situation à partir de ce que j'ai nommé l’Aporie n°1 de l'oeuvre performative. Un jour, en 1975 (un jour unique), un individu qui dit je (unique) se présente devant une institution (la Maison-Blanche). Pour pénétrer dans ce bâtiment, il faut remplir certaines conditions que les agents de surveillance connaissent bien car elles sont fixes, déterminées, conventionnelles. Par exemple, il faut avoir pour identité Jimmy Carter. Donc l’individu dit : « Je suis Jimmy Carter ». Evidemment, les agents ne le croient pas. Alors, au lieu de dire : « mais je n’étais pas sérieux, ce n’était qu’une fiction » (ce qui n’aurait certainement pas amusé les agents, mais l’aurait tiré d’affaire), il dit : « Je forme à moi seul une société qui détermine ses propres conventions, donc vous devez me croire ». En disant cela, il prend le risque de se retrouver en prison ou en asile de fous, même s’il précise que cette « société » qu’il forme à lui tout seul est une société littéraire ou philosophique. L’argument sous-jacent pour Derrida, c’est qu’après tout, rien ne distingue la convention légitime, connue des services de police, de la convention illégitime, fixée par un seul individu. Rien ne distingue a priori une reproduction à l’identique, fixée par la tradition, d’un pur événement, qui émerge soudain, d’un seul coup. Selon l’aporie n°1, rien ne distingue l’énoncé sérieux de l’énoncé parasitaire. J'en ai déduit ce qu'on pourra lire ici, une autre anecdote. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida OeuvreAporie1 GE.LED UPretendVraiFx Rang = QPretendPerformatifGenre = MK - NG |
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