La théologie négative procède par sentences, verdicts, décisions prises au sujet de Dieu. Même si elles se présentent comme négatives ou interrogatives, ce sont toujours des déclarations, des affirmations, des monologues. Ces voix sont blanches, en ceci qu'elles peuvent dire une chose et son contraire : par exemple un Dieu qui est sans être, et un dieu qui (est) au-delà de l'être. Tout en affichant leur neutralité, elles sont multiples. En s'adressant à un autre ou à d'autres (le lecteur, le disciple, l'interlocuteur), elles témoignent d'un désir de Dieu, tout en ressemblant à des professions d'athéisme. Tout se passe comme si rien ne les arrêtait, comme si rien ne pouvait limiter les mises à l'épreuve de la langue, de l'impossible et (donc) de la tradition à laquelle elles renvoient. Toujours au bord de la dissidence, elles ont été accusées de rupture du contrat social, parfois persécutées, qualifiées d'hérésie (p86). Commes figures de la passion, il faudrait les exclure ou les sacrifier. Et pourtant elles reviennent, elles sont reprises par les Pères de l'Eglise.

---

En pointant au-delà de l'être, au-delà de l'épistémé, ces voix s'inscrivent aussi dans une pensée de la trace, une pensée blanche qui déborde toute théologie.