Comme les voix apophatiques, les déclarations d'athéisme se présentent comme des sentences, des verdicts, des décisions - même quand leur forme est négative ou interrogative. A qui s'adressent ces déclarations? Ne s'adressent-elles pas à Dieu? Pour délivrer le secret de sa non-manifestation, elles doivent lui correspondre (correspondre avec lui), mais d'un autre côté, c'est ce désir même, ce désir de Dieu, qu'elles doivent suspendre. Pour réduire la tension, l'athée doit porter la mort de son propre désir, il doit renoncer à son élan vers l'autre (ce qui n'est pas sans procurer un certain bénéfice narcissique). Il doit laisser indécidable le double génitif du désir de Dieu.

Avant le rapport à l'autre, avant le désir pour l'autre, il n'y a rien, et cela vaut aussi pour les athées. Ce rien, on est toujours tenté de le prendre pour une personne. Même si cela ne prend pas la forme rituelle d'une prière, nous ne nous déterminons pas avant lui, nous ne cessons pas de lui parler, de parler auprès de lui.