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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Derrida, Maïmonide : Juifs égarés | Derrida, Maïmonide : Juifs égarés | ||||||||||||||||
Derrida, la Torah | Derrida, la Torah | ||||||||||||||||
Michael Fagenblat - "Negative Theology as Jewish Modernity", Ed : Indiana University Press, 2017, p215 | Derrida, judaïsme, judéités | [Jacques Derrida a constamment évité de mentionner le Juif qui, comme lui, aurait voulu inventer un judaïsme égaré : Maïmonide] |
Derrida, judaïsme, judéités | ||||||||||||||
Jacques Derrida a rarement prononcé ou écrit le nom de Maïmonide. Il y a : - quelques allusions, indirectes, à propos du Lycée Maïmonide d'Alger, que la communauté juive avait créé en 1942 après l'expulsion des enfants juifs de l'école publique par le gouvernement de Vichy. Le jeune garçon de 12 ans a refusé de fréquenter ce lycée, comme il le raconte dans La carte postale et dans un entretien avec Maurizzio Ferraris daté de 1993-95, publié dans Le goût du secret. - dans La Contre-allée, Derrida raconte qu'il aurait vu dans une vitrine un exemplaire du Guide des Egarés que possédait son grand-père - toujours sans citer le nom de Maïmonide. - dans un entretien avec François Ewald publié en mars 1991 (Points de suspension, p364), il cite Maître Eckart citant Maïmonide à propos de la circoncision, et reproche à Heidegger qui a beaucoup étudié Maître Eckart de ne jamais parler ni de circoncision, ni de Maïmonide. On peut imaginer que ce passage a particulièrement interessé Derrida, qui avait prévu d'écrire un livre sur la circoncision. A-t-il lui-même lu l'original de Maïmonide? On ne le saura pas. - Dans Interpretations at war, Kant, le Juif, l'Allemand (Psyché 2, pp276s), Derrida reproche à Hermann Cohen d'enrôler Maïmonide dans la cause judéo-allemande. Ce dernier est, selon Derrida, surtout un "grand et rigoureux rationaliste" - ce qui pourrait expliquer cet évitement. Michael Fagenblat fait remarquer que cette analyse omet la dimension apophatique de la pensée de Maïmonide, émancipée de tout dogme et peut-être aussi de toute foi, qui sera reprise par Maître Eckart, auquel Derrida rendra hommage dans Sauf le nom. - Michael Fagenblat omet deux mentions explicites de Maïmonide par Derrida, dans Un ver à soie (Contretemps 2/3, p38), par le biais d'une citation de Catherine Chalier à propos de la substitution de la prière au sacrifice dans la tradition juive, et dans Avouer l'impossible (in Le Dernier des Juifs, p63), pour parler de son passage à Jérusalem en 1983 : "Retour, donc, pour finir, à Jérusalem. Maïmonide disait d'ailleurs que la techouva signifiait aussi la fin de l'exil". Le mot techouva peut se traduire par retour, mais aussi par réponse ou réparation. On peut donc nuancer l'affirmation de Fagenblat selon laquelle ce nom fonctionne chez Derrida comme une trace effacée, réduite en cendres. Il reste qu'à ces deux exceptions près, dans son souci de se dissocier de toute autorité juive, même si elle rejetait comme lui le pharisianisme, l'intériorité chrétienne et l'abstraction grecque, Derrida a refusé de lire Maïmonide, alors qu'il a lu certains ouvrages de la théologie négative (chrétienne). Entre son expulsion scolaire de 1942 et l'expulsion des Juifs d'Espagne en 1492 (avec interversion du 4 et du 9), il y a un autre lien, souligné à de nombreuses reprises par Derrida : celui du marrane. Maïmonide, lui aussi, a été d'une certaine façon marrane avant la lettre, puisqu'il a été obligé d'adopter la religion musulmane et de judaïser en secret. On trouve sur la page ci-contre (en anglais) la longue liste des ressemblances entre le Guide des Egarés et l'œuvre derridienne, telle que résumée par Michael Fagenblat. Examinant quatre objections que Derrida aurait pu faire à Maïmonide, Fagenblat tente de démontrer que chacune de ces objections conduit au contraire à une convergence avec la problématique derridienne : - la métaphysique maïmonidienne conduirait à un hyper-essentialisation de Dieu, qui ne serait que le prolongement de sa présence immédiate. Mais Maïmonide rejette cette continuité, il ne parle jamais de l'existence de Dieu. - Maïmonide s'adresserait aux disciples, il n'y aurait dans son discours que de la prédication. Mais la pure prière qu'il recommande est une adresse à "ce qu'on ne connaît pas". Prier en faisant appel à des prédicats de Dieu, ce serait du lashon hara, de la médisance. - en louant le silence, Maïmonide encouragerait les postures intuitives, la méditation non discursive, la contemplation de la vacuité divine. Mais c'est négliger le fait que l'approche du silence est une expérience de désorientation ou de réorientation vers le singulier. - chez Maïmonide, le discours de négation est lié à la consécration des canons, à un rejet de toute innovation liturgique. Son radicalisme est au fond très conservateur. Il réaffirme à l'avance l'autorité exclusive des institutions sacrées. Mais cela va chez lui avec une dissimulation, un souci du secret secret. Par exemple ses quatre manières d'indiquer l'unité de Dieu peuvent toujours être recontextualisées, sur le mode d'un "peut-être", voire dans la direction de l'impossibilité d'un concept de Dieu. La déconstruction pourrait selon Fagenblat être lue comme un apophatisme généralisé, ou plus précisément un apophatisme maïmonidien généralisé - et ce serait précisément pour cela que Derrida aurait évité, voire réduit en cendres ou effacé, pas totalement mais presque, l'archive maïmonidienne de son œuvre. ---
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-------------- Propositions -------------- -Le mot "Juif" est plus profond en moi que mon propre nom, plus près de mon corps qu'un vêtement et que mon corps même |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Fagenblat DerridaMaimon AA.BBB DerridaToraNG.LDF DerridaJuifsWW.LDF VDerridaMaimonide Rang = XDerridaMaimonideGenre = CIT - CIT |
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