Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
Indicible le nom Un de Dieu, ne se dit qu'au pluriel                     Indicible le nom Un de Dieu, ne se dit qu'au pluriel
Sources (*) :              

 

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[Paradoxe du Dieu "monothéiste" : il ne possède pas de nom propre, et tous ses surnoms sont au pluriel]

   
   
   
                 
                       

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L'étrangeté du monothéisme, invention attribuée aux Hébreux, c'est qu'il cumule deux caractéristiques apparemment inconciliables :

- il n'y a pas de terme prononçable pour nommer ce qu'on appelle pourtant, dans la langue courante, "le dieu unique".

- tous les vocables censés y renvoyer sont au pluriel.

L'expression "dieu unique" n'apparaît jamais dans la bible, et même le mot "unique" est rare (neuf fois, dont trois fois seulement sans déclinaison).

1. Le vocable le plus courant, Elohim, apparaît des milliers de fois. C'est un mot pluriel, qu'on traduit usuellement par "Dieu", bien qu'Elohim signifie "les Dieux". Ce vocable entretient une tension permanente, dans l'expression Yhvh-Elohim, avec l'affirmation selon laquelle Yhvh est un.

2. Un autre terme est Yhvh. Le tétragramme apparaît relativement tard dans le texte biblique (Gn 2:4), et ne peut pas non plus être traduit de manière univoque. Dans (Ex 6:2), il semble se présenter pour la première fois : "Elohim adressa la parole à Moïse, et lui dit : Je suis Yhvh". L'affirmation fondamentale du judaïsme, c'est que le tétragramme ne peut être ni prononcé, ni nommé - ce qui conduit certains à remplacer ce nom, quand ils le rencontrent, par Hachem (le nom) un singulier]. Dans la lecture courante de la Torah, l'habitude a été prise de le remplacer par Adonaï [un pluriel].

3. Dans (Ex 3:14), Moïse demande quel nom il devra donner si le peuple demande qui l'envoie. La réponse est : "Ehieh Acher Ehieh" (Je serai qui je serai). Le futur du verbe "être" (qui, en hébreu, ne se conjugue pas au présent) n'est pas à proprement parler un nom.

4. Dans le verset suivant (Ex 3:15), il est précisé : "C'est mon nom pour toujours" (Ze Chemi le'olam). Il s'agirait donc bien d'un nom, mais le mot le'olam est ambigu. Dans l'orthographe usuelle, il devrait être écrit avec un vav, mais il est écrit sans vav. Rachi fait observer que cette orthographe permet de le lire : "C'est mon nom destiné à être caché". Cela établit que toute entreprise pour attribuer un nom au tétragramme est vouée à l'échec.

5. Le rituel juif indique qu'une fois par an, le jour de Yom Kippour, le Grand prêtre s'enferme au cœur du Temple, dans le Saint des Saints, et prononce le chem hamephorash, "le Saint nom", comme on traduit usuellement. Mais ce nom, le prononçait-il vraiment ? Ce qu'il rencontrait au Saint des Saints, lifné velifnim, c'était l'intériorité de l'intériorité. En effet la locution chem hamephorash, issue du verbe lepharesh (dire clairement, comprendre, interpréter), peut renvoyer à l'idée d'une formulation venue de l'intérieur (p23).

 

 

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Propositions

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Le nom de Dieu, donné pour toujours, est destiné à être caché

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Le nom de Dieu "Elohim" est à la fois singulier et pluriel; conjugué au singulier, il reste multiple, y compris quand on l'associe au tétragramme (Yhvh-Elohim)

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Dans la vocalisation courante de la Torah, on remplace "Yhvh" par "Adonaï", un mot pluriel (mes maîtres), parfois exprimé au singulier (Seigneur)

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Le tétragramme Yhvh est construit à partir de la racine du verbe "être" qui, en hébreu, ne se conjugue pas au présent

 


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YhvhPluriel

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