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Derrida, ses livres | Derrida, ses livres | ||||||||||||||||
Sources (*) : | |||||||||||||||||
Jacques Derrida - "Séminaire 1975-76 "La vie la mort"", Ed : Seuil, 2019, Page créée le 23 avril 2019 | Séminaire "La vie la mort" (Jacques Derrida, 1975-76) (publié en 2019) [Sem1975-LVLM] |
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Edition établie par Pascale-Anne Brault et Peggy Kamuf. --- p7 : Introduction générale. p11 : Note des éditrices. p19 : Première séance. Programmes. p47 : Deuxième séance. Logique de la vivante. Cette séance a été reprise dans des conférences, puis dans Otobiographies, L'enseignement de Nietzsche et la politique du nom propre, livre publié en 1984 (pp 33 à 112). [L'idixation a été établie à partir de cette version, la dernière revue par Derrida]. p77 : Troisième séance. Transition (Faux pas d'Œdipe). p109 : Quatrième séance. La logique du supplément. Le supplément d'autrui, de mort, de sens, de vie. p133 : Cinquième séance. L'increvable. p155 : Sixième séance. Le modèle "boite". Histoire de Colosse. p181 : Septième séance. p201 : Huitième séance. Cause ("Nietzsche"). Cette séance et une partie de la neuvième ont été reprises dans Dialogue and Deconstruction : The Gadamer-Derrida Encounter (SUNY, 1989), mais inédits en français avant la parution du séminaire. p225 : Neuvième séance. De l'interprétation. p249 : Dixième séance. La pensée de la division du travail - et la contagion du nom propre. p275 : Onzième séance. L'escalade - du diable en personne. (Séance titrée "Avertissement" dans LCP). p299 : Douzième séance. Le legs de Freud. (Séance titrée "Legs de Freud" dans Etudes Freudiennes (1978 n°13-14) et dans LCP). p321 : Treizième séance. Pas de détour. Thèse, hypothèse, prothèse. (Séance titrée "la paralyse" dans LCP). p347 : Quatorzième séance. Serrements. (Séance titre "Post-scriptum" dans LCP). Les quatre dernières séances ont été reprises pour l'essentiel, avec différentes élaborations et complications, dans La Carte postale, De Socrate à Freud et au-delà (LCP) en 1980, sous le titre "Spéculer - sur "Freud"". --- Dans le programme de l'agrégation de philosophie 1976, on trouvait le thème "La vie et la mort". Pour préparer les élèves à ce concours en tant que caïman, Jacques Derrida a organisé un séminaire qu'il a intitulé "La vie la mort" en supprimant la conjonction "et". L'élision du "et" dans ce titre n'a rien d'anodin, c'est une décision stratégique qui commande la suite du texte. En général, explique Derrida, la vie est posée avec la mort, dans une logique de position, de juxtaposition, d'opposition ou de dialectique. La vie et la mort vont ensemble, elles forment une dualité, l'une est l'autre de l'autre dans une pensée où l'une passe dans l'autre. En préférant le syntagme la vie la mort, il suggère que le rapport entre vie et mort n'est pas irréductible, qu'il est hérité d'une longue tradition logocentrique, et qu'un autre type d'altérité où l'un des termes ne pourrait ni s'identifier, ni se relever dans l'autre, peut être envisagé. Il ne s'agit ni d'une autre logique, ni d'une nouvelle articulation de la vie et de la mort qui viendrait concurrencer les formulations classiques, mais d'un questionnement sur cette altérité qui déboucherait, pour le dire dans les mots derridiens, sur "une certaine pensée de l'au-delà, de "au-delà", du Jenseits de Nietzsche et de Freud et surtout du pas au-delà de Blanchot" (La vie la mort, p24). Qu'en est-il de ce pas au-delà ? Telle est l'énigme de ce texte. Les quatorze séances du séminaire sont construites sur ce questionnement. On peut les subdiviser en quatre ou cinq sous-parties : a) Séances 1 à 3 : Problématique de "la vie la mort". Un détour par Nietzsche (en partie publié ultérieurement dans Otobiographies) est intercalé entre une première présentation de François Jacob et une analyse de l'article de Georges Canguilhem Le concept et la vie. b) Séances 4 à 6 : François Jacob, La Logique du vivant. c) Séances 7 à 10 : Nietzsche, Heidegger et la métaphysique. d) Séances 11 à 14 : Freud, Au-delà du principe de plaisir. On pourrait ajouter un e) : le rapport entre la vie et l'œuvre, en tant qu'il noue les quatre parties. Peut-être ce rapport est-il le souci principal de Derrida en tant qu'orateur, bouche vivante s'adressant à des oreilles, enseignant et écrivain signataire de ce qui est devenu un texte. Les questions abordées autour du pas au-delà du plaisir, du désir ou de la vie, par métaphore, spéculation ou supplémentarité, toutes liées à ce rapport, seront reprises dans son dernier séminaire, en 2002-2003). Dans le livre de François Jacob, La logique du vivant, le concept de programme joue un rôle décisif. L'hérédité est fondée sur la génétique, dans une problématique de l'information, du message et du code qui implique, selon Derrida, la structure du logos telle qu'elle est héritée de Platon et d'Aristote. Mais la thèse principale du livre, c'est que le vivant est structuré comme un texte. Il est un texte. Ce statut, qui résonne avec les écrits derridiens antérieurs, l'engage à la fois dans une axiomatique traditionnelle et dans son altération. Entre le discours scientifique, lui-même organisé comme un texte, la structure du référent (le vivant), et la subjectivité du savant, se met en place une affinité, une résonance, qui n'est pas seulement méta-langagière ou méta-textuelle, car elle transforme l'usage qu'on peut faire de mots comme métaphore, image, analogie ou modèle. La biologie, pour Derrida, n'est pas une science comme les autres. Elle présuppose une faculté singulière, une production de soi qui ne soit pas une simple réplication mais qui laisse venir des événements non programmés. Parmi ces événements supplémentaires, il y a la sexualité ou la mort, qui n'entrent dans aucune finalité. Par son imprévisibilité, sa structure disséminante, ce mouvement est "à peine concevable". Quand la science doit parler de sexe ou de mort, les oppositions courantes ne suffisent plus, aucun concept ne peut se détacher de la dimension métaphorique. Jacob échoue par conséquent à conceptualiser la biologie. Tout ce qu'il peut faire, c'est multiplier les appels à des équivalents ou des modèles sur le mode circulaire de la comparaison. Pour déborder la circularité de la science biologique, il faut un pas supplémentaire, une autre pensée, que le savoir scientifique est impuissant à problématiser. Derrida rencontre chez Nietzsche cette autre pensée, par le biais du trouble heideggerien. Si aucun schéma pré-établi, aucun modèle, ne s'impose pour lire et recevoir cette pensée singulière sur "la vie la mort", on peut être tenté, comme Heidegger, de rabattre la pensée nietzschéenne sur le plus ancien, le plus rassembleur : la métaphysique. Pour Heidegger, le "biologisme" de Nietzsche se situe en un point-limite, une "arête" où s'achève la métaphysique occidentale. Mais ce sommet est aussi un point de basculement, celui du chaos, de l'ouverture de l'abîme, le lieu où le vivant, dépourvu de modèle, suspend la métaphysique. En ce point, biologie et biographie se rejoignent. Il est significatif que, avant les prolongements qui viendront l'année suivante autour du Pas de Maurice Blanchot, le séminaire se termine sur l'énigme de la pulsion de mort. Moins assuré de sa scientificité que François Jacob, Freud ne propose pas une thèse, mais une "athèse" qui n'affirme rien sur la mort, ne correspond à aucun genre, aucun concept concevable, aucun modèle pré-établi, et n'appartient ni à la science, ni à la philosophie. Freud s'est laissé aller, dit Derrida, à la pure spéculation, et l'a ressentie comme inacceptable. Peut-être y a-t-il dans ce "laisser-aller" une trace de l'au-delà dont il est question. Freud ne pouvait pas renoncer au principe de plaisir, ce désir de maîtrise qui lui semblait irréductible. Il fallait que, vis-à-vis de sa descendance (le Fort/Da de son petit-fils) et de son institution (la psychanalyse), il réaffirme un principe de pouvoir. Mais il ne pouvait pas non plus renoncer à la pulsion de mort, qui l'aurait conduit à se détacher de tout principe, y compris du logos. Sa scène d'écriture restait irrésolue, sans bord. Sur la ligne de plus haute tension, le plaisir, la vie et la mort restaient indéfinissables, comme la vie la mort, concept nietzschéo-derridien qui conduit à une (féminin) graphique de la différance, qui n'appartient ni à la science, ni à la philosophie.
---------------------------- Formulations à partir de ce texte (les têtes de chapitre sont entre crochets) :
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Sources DerridaBiblio 1975.SemLVL YYA.1975.Derrida.Jacques Rang = ZSem7576LavielamortGenre = - |
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