Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Un pas au - delà du Walten heideggerien                     Un pas au - delà du Walten heideggerien
Sources (*) : Derrida, Heidegger               Derrida, Heidegger
Jacques Derrida - "Séminaire "La bête et le souverain" Volume II (2002-2003)", Ed : Galilée, 2010, pp269-270

 

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Derrida, Blanchot

En-deça et au-delà de la différence ontico-ontologique, une force - le Walten de Heidegger - fait venir ce qui n'est ni ceci ni cela, ni être ni étant - le neutre de Blanchot

Derrida, Blanchot
   
   
   
               
                       

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Il arrive à Heidegger de traduire le mot grec phusis (la nature) par le mot allemand Walten, une force quasi-originaire, ni vivante ni morte, qui est aussi la violence souveraine telle qu'elle se manifeste par l'auto-formation de la vie ou encore par la puissance du logos, et aussi le mouvement des pulsions à peine pensables, entre le psychique et le somatique, le conscient et l'inconscient, y compris par Freud lui-même. Avec le Walten, explique Derrida (p160), il n'y va de rien de moins que de la différence entre l'être et l'étant. Cette différence ouvre la possibilité de la manifestation en tant que telle. Si l'on en croit Heidegger, seul l'humain (le Dasein) a accès à cette différence, ce qui lui ouvre la prise de conscience de la mort, la mort authentique, la mort comme telle. Mais selon Derrida, cette prise de conscience est une illusion, un fantasme. Ni nous, ni les animaux, ne pouvons expérimenter la mort, et pourtant un certain "pas au-delà" est articulable, c'est en tous cas ce qu'il essaie de faire à partir de ce mot souvent utilisé par Heidegger lui-même, walten ou Gewalt : une force qui n'entre dans aucune chronologie, ni avant ni après, dans aucune logique, une force "qui n'est ni ceci ni cela, ni le positif ni le négatif, ni le dialectique, qui n'est ni n'est pas l'être ni l'étant, mais au-delà et en-deçà de l'être et <de> l'étant" (p270). Cette force est la source de la différence ontologique (p293), et elle excède cette différence, comme elle excède, peut-être, toute souveraineté ontique ou onto-théologique.

Les Croix de bois (Raymond Bernard, 1932).

 

 

Une telle force [qui rappelle celle de la théologie négative], selon Derrida, c'est ce que Maurice Blanchot nomme le neutre. On peut lire dans le récit de Thomas l'obscur cette marche vers le neutre, vers l'indifférenciation qui est aussi une marche vers le rien, une marche du rien, "mais un rien qui n'est pas rien, un rien qui n'est pas une chose, ni un étant, ni l'être, mais qui force et efforce ou enforce, enforces, dirait-on peut-être en forçant l'anglais, la différence entre l'être et l'étant" (p270). [To enforce, en anglais, c'est imposer, mettre en œuvre, mettre en application, mettre en vigueur, réaliser, se faire respecter. Il y a dans ce mot l'idée d'obligation, d'exigence].

 


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