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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Un pas au - delà du Walten heideggerien | Un pas au - delà du Walten heideggerien | ||||||||||||||||
Sources (*) : | Derrida, le pouvoir, le souverain | Derrida, le pouvoir, le souverain | |||||||||||||||
Jacques Derrida - "Séminaire "La bête et le souverain" Volume II (2002-2003)", Ed : Galilée, 2010, p382 - |
Derrida, Heidegger | Le Walten heideggerien semble faire appel à un surpouvoir, une souveraineté si souveraine qu'elle excède, comme le rien ou le néant, les déterminations de la souveraineté |
Derrida, Heidegger | ||||||||||||||
Derrida, le rien, khôra | Derrida, le rien, khôra | ||||||||||||||||
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"Tard dans ma vie de lecteur de Heidegger, je viens de trouver un mot qui semble m'obliger à tout remettre en perspective" écrit Derrida dans la toute dernière séance du tout dernier séminaire qu'il a organisé (p383). Ce mot, c'est Walten. En le repérant et en l'isolant des autres [comme Robinson] dans l'œuvre heideggerienne, qu'a-t-il découvert exactement ? Selon lui, "une souveraineté de dernière instance, un surpouvoir qui décide de tout en dernière ou en première instance et en particulier quant au en tant que tel, quant à la différence entre l'être et l'étant, à l'Austrag", "une souveraineté si souveraine qu'elle excède les figures ou les déterminations théologiques et politiques" (...). "Le Walten serait si souverain, ultra-souverain en somme, qu'il serait encore dénué de toutes les dimensions anthropologiques, théologiques et politiques, donc ontiques et onto-théologiques de la souveraineté". Cette trouvaille ne vient pas sans paradoxe car, ajoute Derrida, que veut dire "excès de souveraineté" si la souveraineté, par essence, par vocation, par structure, se présente d'abord comme l'excès même, le surplus au-delà de toute mesure, qui excède toute responsabilité ? La question se pose d'autant plus que, après cette déclaration, Derrida se livre à une longue paraphrase de la pensée heideggerienne du Walten, qu'il identifie au souverain. L'excès de souveraineté ne conduirait-il qu'à la souveraineté ? Dans les dix dernières pages de cette séance, Derrida semble s'écarter de la déclaration qu'il a faite dans les trois premières, quand il a proposé un autre contrat de différence ontologique fondé sur le vers de Paul Celan : "Ich muss dich tragen", mais c'est pour mieux y revenir sur un autre mode, une autre thématique : la vulnérabilité, l'impouvoir, cette renonciation absolue qu'on appelle la mort. Pour ce retrait ultime, ce défaut multiple de pouvoir (p382), l'humain et l'animal ne sont pas différents. Heidegger, comme d'autres grands penseurs (Derrida cite Descartes, Kant, Lacan, et aussi Daniel Defoe) y a fait allusion, mais il est resté incapable de le penser. |
White God (film de Kornel Mundruczo, 2014)
La tension de cette dixième séance, c'est peut-être la tension de son œuvre quand il veut détourner le surpouvoir heideggerien, ce Walten pas tout à fait étranger au nazisme, vers une autre force, une contre-force, en appeler à porter non pas le plus fort, mais le plus impuissant, le plus vulnérable aujourd'hui : l'animal. Plus aucune allusion, dans le commentaire de Heidegger, au juste sur lequel il avait insisté au départ. Mais la question de l'au-delà du souverain fait retour dans la dernière phrase. "La question reste entière de savoir, ce fut la question du séminaire, qui peut mourir ?" Tout dépend du QUI. Qui peut mourir ? Seulement l'humain ou tout vivant, n'importe quel vivant ? Ce n'est pas seulement une question analytique, c'est une question éthique. Qui peut mourir ? Il cite la citation par Heidegger d'un ouvrage de Knut Hamson, Au bout d'un an et d'un jour (1934). Heidegger le commente en disant que "le prédicat de souveraineté ou de supériorité est accordé non à la puissance mais à une certaine impuissance" (p389). Si celui qui peut mourir est le plus vulnérable, le moins authentique au sens d'Heidegger, alors tout est changé. Heidegger est en somme pris à revers dans sa propre logique. L'excès de souveraineté, c'est la souveraineté de l'esprit, de la poésie, de la langue qui porte l'idée et la structure du comme si, de ce qui s'élève au-dessus de la souveraineté : le néant, le rien (p388). Heidegger choisit de citer cet auteur norvégien qui, lui aussi, s'est compromis avec le nazisme, dans un passage où il souligne l'impuissance désespérée de l'homme (p390), dans son authenticité, sa souveraineté même, menacée elle aussi par d'autres puissances (la terre, la mer, les bêtes, tout ce qui n'est pas humain dans le monde). Jacques Derrida s'arrête là, et lègue cette pensée aux éventuels lecteurs qui voudraient bien s'emparer (non sans Walten) de cette question de l'impouvoir, en tant que prémisse à la question du souverain. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida HeideggerWalten GS.LDD ProSouverainUE.LKE DerridaHeideggerOV.LLO DerridaRienUH.LUH UWaltenExcesSouv Rang = OWaltenHeideggerSouverainGenre = MH - NP |
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