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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
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Le nom de Babel, langue sacrée | Le nom de Babel, langue sacrée | ||||||||||||||||
Sources (*) : | Derrida, la tour de Babel | Derrida, la tour de Babel | |||||||||||||||
Pierre Delain - "Miqra, plus d'une lecture", Ed : Guilgal, 2016-2020, Page créée le 10 janvier 2020 La Tour de Babel (Marten Van Valsckenborch l'Ancien, 1595) - |
On ne connaît aucune antériorité au récit de la Tour de Babel, qui est placé dans la Torah au point de rupture de la généalogie des Sémites |
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De nombreux textes bibliques peuvent être comparés avec d'autres textes, récits ou mythes écrits à la même époque ou d'une à une époque antérieure. C'est le cas, par exemple, de la création du monde, des premiers humains ou du déluge. Mais le récit de la Tour de Babel ne peut être comparé à rien, il est incomparable, unique. On ne trouve aucune tradition assyrienne sur le thème de la diversité des langues, et s'il y a un rapport avec la Mésopotamie voisine, c'est plutôt de moquerie ou d'ironie à l'égard des ziggurats monumentales construites dans les siècles qui ont précédé la déportation des Judéens dans cette région (586 avant J-C). Critiquer ces vastes temples, c'était critiquer le pouvoir dans une société très hiérarchisée. Mais le récit de Babel ajoute un élément de plus : celui des langues. Peut-être les Hébreux résistaient-ils à une intégration par la langue. En tous cas ce texte très court (9 versets) a une complexité, une profondeur, qui dépasse la simple protestation. Le plus étrange, le plus énigmatique, c'est son positionnement dans le chapitre 11 de la Genèse, en plein milieu d'une énumération généalogique. De Adam à Noé, dix générations se succèdent, puis de Noé à Abraham, à nouveau dix générations. Au chapitre 5, la première liste est continue, tandis que la seconde, aux chapitres 10 et 11, est coupée par le récit de la tour de Babel. Avant Babel, à partir de Noé, elle raconte la dispersion et la différenciation des nations; après Babel, elle ne s'intéresse qu'à l'histoire d'une seule lignée, celle d'Abraham. La coupure se fait au sein même de la généalogie de Shem qui est répétée deux fois, de deux façons différentes : - avant Babel, on mentionne les cinq enfants de Shem puis son petit-fils, Héber, qui a deux enfants, Péleg et Yoktan, mais seule la généalogie de Yoktan est développée; - après Babel, seule la généalogie de son frère Péleg, qui conduit à Abraham, est développée. Le récit de la tour de Babel se situe au moment où les deux enfants de Héber se séparent. On peut proposer l'interprétation suivante : il y a ceux qui construisent la Tour, les descendants de Yoktan, et ceux qui viennent après l'arrêt de la construction, les descendants de Péleg. Sous les ordres de Nemrod, la Tour aurait été construite par certains Hébreux descendants d'Heber, des sémites fils de Yoktan, qui ne portent pas la promesse d'Abraham. Après la coupure de Babel, les Hébreux qui portent la promesse d'Abraham se seraient détachés des premiers. La promesse d'Abraham serait indissociable du dénouement du récit de la Tour de Babel. |
La Tour de Babel (Marten Van Valckenborch l'Ancien, 1595).
Ceux qui ont écrit ce texte et qui ont décidé ce positionnement savaient qu'il s'était passé ou qu'il se passait peut-être même à leur époque quelque chose parmi eux. Il y avait désormais une différenciation parmi les Hébreux entre ceux qui tiraient les conséquences du récit de la Tour de Babel, et ceux qui préféraient l'ignorer. Il ne faut pas se laisser piéger par la généalogie : entre Yoktan et Péleg, ce n'est pas une question de gènes, c'est une question de pensée. Le premier n'a pas vraiment rompu avec les Babyloniens, tandis que le second est déjà parti ailleurs. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Delain VoixErrance CJ.KJD DerridaBabelGV.LKI XBabelSemitesRup Rang = XBabelHistoireGenre = MR - IA |
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