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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Orlolivre : te porter, toi, dans ce monde sans monde | Orlolivre : te porter, toi, dans ce monde sans monde | ||||||||||||||||
Sources (*) : | X, sans X (Orlolivres) | X, sans X (Orlolivres) | |||||||||||||||
Bertille Sapintza - "La Sibylle", Ed : Galgal, 2007-2011, Page créée le 10 mars 2020 | Les tâches orloviennes (ce qui s'en éparpille) | [Orlolivre : Te porter, toi, dans ce monde sans monde] |
Les tâches orloviennes (ce qui s'en éparpille) | ||||||||||||||
C'est un vers de Paul Celan (Die Welt ist fort, ich muss dich tragen, en français : le monde est parti, je dois te porter), le dernier vers d'un poème (Grosse glühende Wöhlbung, en français : Grande voûte incandescente), qui occupe une place assez singulière dans l'œuvre derridienne car c'est l'une des dernières phrases, peut-être la dernière, qu'il a privilégiée lors de sa dernière année de séminaire. C'est une phrase qui peut ressembler à un point final mais n'en est pas un car c'est plutôt une nouveauté, un événement situable, datable (pendant l'été 2002), une relance différente de toutes celles qui l'auront précédée car si, d'un côté, elle semble venir ramasser en elle toute l'œuvre ou tout l'œuvre, pour dire le mot au masculin comme Derrida l'a fait plus d'une fois, d'un autre côté, elle ouvre des perspectives qui n'avaient pas encore été envisagées jusqu'alors. Il y a d'abord le constat d'un sans-monde, d'une perte de monde, constat avancé et réitéré plus d'une fois dans les décennies précédentes, et dont on connaît l'actualité encore aujourd'hui, et il y a ensuite la dimension performative de cette phrase qui est difficile à analyser car elle nous affecte encore maintenant, chaque fois que nous l'énonçons. Le premier versant pourrait prolonger ce qu'on a parfois qualifié de tournant éthique dans cette œuvre, tournant qui de facto n'a jamais cessé de faire tourner les textes depuis le premier jour. Le second versant n'est pas un constat, c'est une adresse. La phrase dit un Viens ! qui hérite d'une longue tradition. Si tu portes l'autre, si tu te laisses porter par l'autre, il arrivera quelque chose - ce poids de l'altérité, comme tel, n'est pas très original. La phrase ne donne aucune précision sur ce qui arrive. On n'en sait rien et on ne peut rien en savoir - car on ne sait rien de cet autre avec lequel on doit s'associer, s'allier, vivre ensemble. La phrase dit qu'il faut la faire cette alliance, sans en rien savoir. Partant d'une effraction mortelle dans le monde, une situation apocalyptique, elle dit qu'il y a du pronom personnel, du je et du tu, à même le monde. Avant cette annonce, le monde s'effaçait dans le Quoi. L'irruption du Qui n'a rien d'automatique. Ce n'est pas un processus, c'est une déclaration qui aurait pu ne pas être émise, et qui pourrait ne pas être entendue. Pour qu'on puisse la déclarer telle, déclaration, il faut qu'elle soit signée et contresignée, ce qui ne peut pas arriver d'un coup. La phrase nous engage dans un travail, une tâche, un moment historique. Ce n'est pas elle qui réalise ce travail, c'est nous. --- Die Welt ist fort dit Paul Celan. Le monde est parti, c'est une sorte de topos du monde d'aujourd'hui, qu'on retrouve dans d'innombrables films. Quelque chose du monde est en train de partir, nous le ressentons tous, mais nous ne pouvons pas en dire plus. Après avoir effacé un monde, un univers (social, collectif ou bien simplement individuel), ils se terminent en queue de poisson, comme si la pensée ne pouvait s'arrêter qu'au bord. De ce qui vient après ce monde, on ne peut rien savoir, mais peut-être quelque chose à entendre d'un autre lieu, du côté d'un non-savoir. Je ne sais pas ce qui viendra après ce monde, mais j'acquiesce à certaines traces minimes, évanescentes, qui ne sont pas n'importe lesquelles car je les choisis. L'important, c'est ce choix, le plus souvent involontaire, fragmentaire, indécis. Il y a beaucoup de traces, et certaines parmi elles s'adressent à moi. Si je ne les néglige pas, elles ouvriront peut-être le chemin vers un "tu", un autre.
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-------------- Propositions -------------- -["Die Welt ist fort, ich muss dich tragen", un événement dans la scène d'écriture derridienne (2002-2004)] -[Dans l'expression "Die Welt ist fort, ich muss dich tragen" se rejoignent deux fils de la pensée derridienne : "C'est l'éthique même" (Lévinas); "Il faut nommer" (théologie négative)] -[Un poème t'invite à porter son monde, à repenser la pensée même du monde] -[(CinéAnalyse) : En vivant la perte, le départ, l'effondrement d'un monde] -[(CinéAnalyse) : Il s'agit, quand le monde s'en va, de mourir vivant] -[(CinéAnalyse) : En disant : "il faut que je te porte" (dans l'être] -[(CinéAnalyse) : Je suis à l'écoute d'un mort qui n'est pas moi mais que je porte en moi : oto-thanato-graphie] -[(CinéAnalyse) : En disant "Il faut que je te porte" (dans la singularité)] -[(CinéAnalyse) : En disant : "Il faut que je te porte" (au-delà de l'être)] |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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