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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | |||||||||||||||||
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L'écranophile en voix off | L'écranophile en voix off | |||||||||||||||||
Sources (*) : | CinéAnalyse : il faut que je te porte, au - delà de l'être | CinéAnalyse : il faut que je te porte, au - delà de l'être | ||||||||||||||||
Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 21 mars 2020 - |
Vertigo (Alfred Hitchcock, 1957) - Tu es morte, ton monde a disparu, il faut que je te porte |
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Une autre réécriture de l'histoire : John Ferguson doit abandonner son métier de détective car il souffre de vertige. Elster utilisera cette infirmité pour concevoir le crime parfait (thème récurrent chez Hitchcock). Il utilise les services d'une belle jeune femme un peu pute, Judy, pour jouer les folles. Judy joue parfaitement son rôle et fait semblant de se suicider tandis que Elster précipite par le clocher de la vieille église le corps de sa véritable épouse Madeleine (dont il récupère la fortune). Il y a trois femmes : Carlotta Valdez, morte en 1857 à l'âge de 26 ans. Madeleine, supposée folle, se serait imaginée être Carlotta, elle aurait voulu se suicider au même âge, mais en réalité, elle a été assassinée par son mari, à l'âge de 26 ans. Judy, qui joue le rôle de Madeleine et finira par se suicider pour de vrai. John Ferguson croit que Madeleine se prend vraiment pour Carlotta et veut la guérir (il se prend pour un psychanalyste). Il se trompe deux fois sur Judy : une fois en la prenant pour Madeleine, et une autre fois en croyant qu'elle n'est pas Madeleine, et en voulant faire d'elle une imitation de Madeleine. Mais c'est lui qui imitera Elster, en poussant Judy au suicide. De plus en plus vindicatif, il passe du statut de victime au statut de bourreau Le plan d'Elster bute sur un double amour : celui de John pour Madeleine, qui fait que l'affaire n'est pas oubliée. Celui de Judy pour John. John et Judy ont un point commun : ils veulent revivre cette belle histoire. Mais le fantôme dont John était amoureux est définitivement mort, et Judy est incapable de jouer pour de vrai le rôle de Madeleine, sauf au moment où elle la rejoint dans la mort. En définitive, John-Scottie, ce vieux célibataire, n'aura pu tomber amoureux que d'une morte. |
On peut interpréter ce film extraordinairement multidimensionnel et complexe en privilégiant une de ses dimensions. Ce serait ici celle d'un monde dont John Ferguson voudrait passionnément se faire le le héros, avant de se rendre compte qu'il est en définitive le seul à le porter. Carlotta est devenue folle après avoir été rejetée par le père de sa fille. On lui a volé son enfant, sa vie, son monde et elle a elle-même mis fin à sa vie. Elle est sans monde, mais elle a laissé quelques traces : un tableau dans un musée, un immeuble construit pour elle, un certain type de bouquet, des bijoux, une coiffure en forme de vortex, (coiffure vertigineuse qui ne peut que fasciner John), des récits que racontent encore quelques érudits. Le monde de Carlotta a disparu, elle est sans monde. Dans le récit que raconte Elster, Madeleine l'aurait fait venir, elle l'aurait portée dans son monde à elle - mais c'est un mensonge. Ce qui arrive dans le film, c'est que John, tombé amoureux de Judy, fait venir dans son monde à lui (son fantasme, son imaginaire) à la fois Carlotta, dont il sait qu'elle a disparu, et Madeleine, dont il ne sait pas qu'Elster l'a tuée. Judy est le corps la figure qui cache ces deux personnes disparues, que John doit porter dans ce monde. On tombe dans la situation où le vers de Paul Celan repris par Jacques Derrida, die Welt ist fort, ich muss dich tragen, peut s'incarner. C'est un film sur l'identité, sa perte et son dédoublement. Madeleine/Judy sont une seule et même personne, tandis que John Ferguson est partagé entre un être raisonnable et un être qui croit aux chimères. Son vertige est lié à cette dissociation. Mais par ailleurs John Ferguson s'ennuie et n'a aucune place dans la société. Cet épisode lui donne l'occasion d'être ce qu'il voudrait être. On n'échappe pas à son destin! dit le film (ni à la répétition). John Ferguson est parti du vertige et d'une impuissance à sauver ceux qui se jettent du haut d'un immeuble. Son destin l'y reconduit par deux fois, avec la femme qui l'aime. Il lui arrive donc trois fois d'être incapable de sauver ceux qui sont à sa place (à la place de son collègue qu'il n'a pas réussi à sauver). Triple boucle. Il se remet trois fois dans la même situation d'échec. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Films CinemaChrono 1957.HI.TCH EthiqueOeuvreDG.LOM zm.Hitchcock.1957 Rang = ZHitchcockVertigoGenre = MH - NP |
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