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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Derrida, la cendre | Derrida, la cendre | ||||||||||||||||
Sources (*) : | |||||||||||||||||
Jacques Derrida - "Feu La Cendre", Ed : Des Femmes, 1987, pp7-8 - |
"Il y a là cendre" : une phrase indécidable, imprononçable, un appel silencieux qui parle avant sa propre voix |
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C'est une phrase qui, dit-il, lui est venue en 1975. On la trouve effectivement à la fin du livre cité, La Dissémination, paru en 1975, mais elle est datée de décembre 1971. C'est une dédicace qui aurait pu être placée au début du texte, La Dissémination, dont la première version a été publiée dans le numéro 261-262 de Critique (1969), où elle était précédée de cette note : "Le 'présent' essai n'est qu'un tissu de 'citations'. Certaines sont entre guillemets. Généralement fidèles, celles qui sont prélevées dans Nombres, de Philippe Sollers, s'écrivent, sauf exception, à la fois en italique et entre guillemets. N.D.L.R." On peut comparer cet épigraphe au texte ajouté, à la fin du texte, en décembre 1971 (expicit ou postface) : "S'écartant d'elle-même, s'y formant toute, presque sans reste, l'écriture d'un seul trait renie et reconnaît la dette. Effondrement extrême de la signature, loin du centre, voire des secrets qui s'y partagent pour disperser jusqu'à leur cendre. Que la lettre soit forte en cette seule indirection, et de toujours pouvoir manquer l'arrive, je n'en prendrai pas prétexte pour m'absenter à la ponctualité d'une dédicace : R. Gasché, J.J. Goux, J.C. Lebensztejn, J.H. Miller, d'autres, il y a là cendre, reconnaîtront, peut-être, ce qui intervient ici de leur lecture". Entre 1969 et 1971, le nom de Philippe Sollers (principal auteur cité dans le texte) disparaît, et la phrase en question, Il y a là cendre, apparaît. La cendre, ce n'est pas seulement ce qui vient après, après la mort et la disparition, c'est déjà là avant - et c'est même déjà disséminé, dispersé [Avant, ici, n'est pas chronologique, ni même logique]. Comme objet, la cendre est le résultat d'une incinération, d'une brûlure. Elle a une histoire, un passé, une composition qu'on peut se remémorer, célébrer, qui prend une certaine place comme trace. Mais devant cette obligation du deuil, Derrida est réticent, il refuse. Il avoue son non-savoir et préfère la mémoire perdue, la dispersion sans retour - le don inconditionnel qui ne revient à personne. C'est la signification du mot qui est en jeu. Cendre, pourrait-on dire, n'est pas cendre. Ce qu'il y a là, cendre (déjà), n'est pas la cendre. Il ne s'agit pas de la cendre en général, mais de celle qui a lieu ou qui aura eu lieu (événement).
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Pierre Clementi dans Roues de cendres (film de Peter-Emanuel Goldman, 1968). La cendre, c'est ce qui reste d'une citation, et c'est aussi ce qui reste d'un film.
Restée secrète pendant presque deux décennies (1969-1987, entre la première inscription où le nom de Philippe Sollers n'était pas encore effacé et la reprise dans Feu la cendre, dès le prologue (p7) puis comme première auto-citation (p14)), cette phrase pourrait être plus importante qu'il n'y paraît. Elle pourrait remonter aux débuts de l'œuvre derridienne, peut-être même avant le début. Comme de nombreuses phrases sélectionnées par Derrida, ce qu'on s'entend peut s'écrire de deux façons, voire trois : - Il y a là cendre - c'est un lieu qui est nommé, là, qui s'oppose peut-être à ici. - Il y a la cendre - avec l'article féminin singulier, la cendre peut être entendue du côté du concept, d'une généralité. - Il y a là cendres - où le multiple, qui fait de la cendre toujours autre chose qu'elle-même, ne s'entend pas. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida DerridaCendre DD.LDD UCendresLieu Rang = VCendresLieuGenre = MH - NP |
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