Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, le pardon                     Derrida, le pardon
Sources (*) :              
Jacques Derrida - "Séminaire 1997-98 "Le parjure et le pardon" Volume 1", Ed : Seuil, 1997, p29

 

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La vérité première, inconsciente, du don, c'est qu'on doit toujours, a priori, demander pardon pour le don même, pour la souveraineté ou le désir de souveraineté du don

   
   
   
               
                       

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Le don est le pardon sont liés, mais ne doivent pas être confondus. Pas de don sans pardon, et pas de pardon sans don dit Derrida, un lien verbal (en français : par-don) qui existe dans les langues latines (perdón, perdâo, perdono), en allemand (Ver-gebung), en anglais (for-give) mais, semble-t-il, pas en grec ancien. Les deux sont en rapport avec le temps. Ils sont inconditionnels, aporétiques, ne se présentent jamais comme tels. On peut tracer entre eux une analogie (pardonner, c'est donner) et même une affinité, une alliance, mais l'expérience du pardon est irréductible à celle du don. Il y a toujours, quand on donne, une affirmation de souveraineté, voire de toute-puissance. On donne pour être reconnu : c'est une prise, une saisie, un acte de maîtrise pour lesquels il faut demander pardon. On peut aller plus loin et dire que le pardon lui-même est porteur de cette équivoque, il doit être pardonné. Il y a là une mise en abyme qui pour Derrida n'est pas une surenchère ou un effet rhétorique, mais "le fond sans fond de la chose même nommée don ou pardon", le "fond même" de ce qu'il chercher à analyser dans ce séminaire, formules très fortes qui renvoient, dans d'autres textes, à l'"abîme du sans support" que nous vivons aujourd'hui.

Prospero, souverain déchu, pardonne à son frère dans La Tempête, de Shakespeare (BBC, John Gorrie, 1980).

 

 

Entre le don et le pardon, il y a un élément commun : le parjure. Dans la vie courante, pour donner ou pour pardonner, il faut commencer par renoncer à l'essentiel du don comme du pardon. Dans les deux cas, on agit comme un souverain, montrant sa générosité, attendant de l'autre une reconnaissance. Le fond sans fond, c'est ce mélange des genres, l'impossibilité de distinguer entre le pur et l'impur.

 


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