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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Derrida, le pardon | Derrida, le pardon | ||||||||||||||||
Sources (*) : | |||||||||||||||||
Jacques Derrida - "Séminaire 1997-98 "Le parjure et le pardon" Volume 1", Ed : Seuil, 1997, p93 - |
L'enjeu du séminaire de Jacques Derrida, c'est la mutation qui fait du possible un im-possible, de l'affirmation d'un pouvoir plus qu'un impossible : un possible d'un autre ordre |
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Au moment où son commentaire sur le pardon dans Le marchand de Venise de Shakespeare se focalise sur l'impossible, le plus impossible dit-il, au moment où cet impossible est analysé comme mutation du possible "à la pointe et à la limite de l'im-possible", à ce moment Derrida précise que "cette mutation <constitue> l'enjeu de notre séminaire, bien sûr, depuis longtemps". Derrida dévoilerait-il, enfin, l'"enjeu" de son travail ? On peut essayer de refaire son chemin pour reformuler cela, l'enjeu de notre séminaire. - D'un côté, le pardon repose sur une grâce, sur le pouvoir illimité et incalculable de celui qui décide sans se préoccuper des contraintes vitales. Il émane d'un souverain qui profère un "je peux" absolu. Cette affirmation d'une toute-puissance qui ne reconnaît aucune borne, qui est l'essence du possible, c'est aussi le mouvement de la pensée derridienne. - D'un autre côté, ce que Derrida nomme le pardon pur est impossible - même pour Dieu. Un pardon pur serait absolument inconditionnel, détaché de toute forme de sanction, de compassion ou de réparation. Il n'aurait d'autre justification que le simple acte de pardonner. Il est nécessaire en tant qu'horizon conceptuel pour qu'advienne l'idée du pardon, mais irréalisable. Tout pardon implique à la fois miséricorde et rigueur, compassion et rachat, logique d'exception infinie et restauration du droit. Pardonner, c'est agir pour la réconciliation et c'est aussi reconnaître la légitimité d'un pur don inconditionnel, impossible mais irrécusable. Dans son second mouvement, Jacques Derrida n'a jamais cessé de jouer sur cette dualité. Tout son travail, sur le thème du pardon et aussi sur d'autres thèmes, ne vaut que par passage au-delà des bornes de l'impossible. |
Jésus pardonne à la pécheresse dans Jésus de Nazareth (Franco Zeffirelli, 1977).
- Et pourtant il y a du pardon. Le plus impossible des impossibles peut se rendre possible. Cet autre possible, ce nouvel ordre du possible, qui s'inscrit et ne s'inscrit pas dans l'économie et les obligations de la vie courante, est selon Derrida plus puissant que la puissance, d'un autre ordre que la puissance. Cet autre ordre est aussi ambigu. C'est une élévation, une relève, au sens hégélien de la sublimation et de la spiritualisation; et c'est aussi une suspension de la spiritualité, une expérience d'un autre ordre à venir, qu'il ne faut pas enfermer dans l'héritage judéo-chrétien de la réparation ou du jugement. Il s'agit d'une mutation, d'une transformation dont l'actualité ne suffit pas à rendre compte. Pour la définir, Derrida choisit de citer un texte d'Angélus Silésius dans le Pélerin chérubinique (ouvrage daté de 1975) : Le plus qu'impossible est possible. Dans la logique de la théologie négative, Dieu n'est possible que parce que son nom transgresse la limite entre possible et impossible. Il faut pour cela un acte de langage, un appel adressé à un Qui, une personne, dans un temps singulier, une "pointe"qui ne serait plus encadrée dans la codification usuelle des devoirs. Là pourrait s'inventer un autre possible - qui n'effacerait pas l'impossible. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida DerridaPardon QS.KDD LDerridaSeminaireImpossible Rang = KPasAudelaGenre = MH - NP |
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