Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
Un régime de pouvoir pharmacopornographique                     Un régime de pouvoir pharmacopornographique
Sources (*) :              
Paul-B Preciado - "Testo Junkie - Sexe, drogue et politique", Ed : Grasset, 2008, p32

 

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[Un régime de pouvoir, global et médiatique, est apparu dans les années 1970 : le régime pharmacopornographique]

   
   
   
                 
                       

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Ce régime s'est révélé dans les années 1970, mais ses lignes de force étaient déjà sensibles dans la société scientifique et coloniale du 19ème siècle. Déjà le fordisme présuppose une certaine façon de penser l'espace intérieur et d'habiter la ville, un "agencement conflictuel du corps et de la machine, un flux discontinu de désir et de résistance". Peu à peu, selon Preciado, le sexe et la sexualité deviennent les enjeux principaux de l'activité politique et économique. Au-delà du contrôle social biopolitique de Michel Foucault, on découvre l'utilisation clinique des hormones sexuelles, la pilule contraceptive, la métadone, on distingue le genre et le sexe, on élargit les prescriptions de la chirurgie esthétique (décirconcision, lifting, phalloplastie). Les magazines pornos sont diffusés en kiosque, l'homosexualité et l'intersexualité sont tolérés. On invente les antidépresseurs, le trafic des psychotropes s'intensifie, d'autres hormones sont découvertes tandis que le terme cyborg est inventé. La commercialisation des films pornos commence dans les années 1970. L'économie-monde passe par un "capitalisme chaud, psychotropique et punk". L'avènement du sexe-capital passe par des multinationales pharmacopornographiques qui s'appuient sur la puissance performative de la science pour commercialiser des substances chimiques, des signes, des images. Les subjectivités s'ajustent à ces substances, ces prothèses. Avec le corps-artefact sont produits des signes, des symboles, des affects indispensables à la valeur ajoutée de l'économie contemporaine. Le plus grand moteur de l'économie informatique est aujourd'hui l'industrie pornographique, avec pour nouvelle force le corps autopornographique, accessible quasi gratuitement partout dans le monde. "Tout portail sur Internet se modèle et s'organise selon cette logique masturbatoire de consommation pornographique" (p37), dont la matière première est l'excitation, l'érection, l'éjaculation, le plaisir, le sentiment d'omnipotence et de destruction. Le corps dépendant et sexuel est désormais la principale ressource de l'industrie, "l'or blanc et visqueux, la poudre cristalline du capitalisme biopolitique". Tous les flux de capital, de la biotechnologie agraire à la communication, sont infiltrés par ce processus.

Au concept pharmacopornographique, Paul-B Preciado ajoute un autre concept de son invention : la potentia gaudi. Cette puissance de jouir est inspirée par la puissance d'agir de Spinoza. C'est une force orgasmique, une capacité d'excitation d'un corps. A cette force de transformation mise au travail par le capitalisme, Preciado confère une sorte de neutralité : sans genre, ni masculine ni féminine, ni humaine ni animale, ni animée ni inanimée (p39), ni hétérosexuelle ni homosexuelle, elle ne privilégie aucun organe, ne connaît pas la différence entre exciter, être excité ou s'exciter-avec. N'aspirant qu'à se déployer en tous lieux, à tous moments, elle sollicite les ressources de la phramacologie, de la représentation, de la conversion digitale, du service sexuel. Indéfiniment malléable, on ne peut ni la posséder ni la conserver. C'est le fondement économique du pharmacopornisme, qui n'existe que comme événement, relation, pratique et devenir. Cette force qui ne pourrait pas exister en-dehors de la tchnoscience incorpore la technologie. Elle est à la fois corps et machine. Donna Haraway substitue au biopouvoir de Foucault un technobiopouvoir qui ne gère pas seulement la vie, mais "tout technovivant connecté" (p41), qui devient ainsi porteur de "puissance de production de capital sexuel". La gestion de la potentia gaudi est devenue planétaire. Les corps, mis au travail, ne se dissocient plus de leur force orgasmique.

Si le féminin est "la qualité que prend la force orgasmique quand elle peut être convertie en marchandise", alors tous les corps peuvent être soumis à ce régime disciplinaire. Paul B Preciado compare sa notion de vie pharmaocopornographique ou "vie à poil" à la "vie nue" de Giorgio Agamben. Dépouillée de tout statut légal ou politique, elle est l'objet d'une exploitation maximale. Dans ce "bordel-laboratoire global intégré multimédia (p47) se côtoient le migrant, le déporté, le colonisé, l'actrice ou l'acteur porno, le travailleur sexuel, l'animal de laboratoire, etc. Ainsi le biocapitalisme contemporain ne produit-il rien : rien d'autre que l'espèce, et aussi de la subjectivité, du désir, des affects, des idées.

 

 

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Propositions

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Testo Junkie, Sexe, drogue et biopolitique (Paul B. Preciado, 2008) [TestoJunkie]

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La pornographie ou pornologie de l'oeuvre, c'est qu'on ne peut garantir sa valeur ou engendrer un public que dans l'acte même de la performance qui la légitime par du discours

 


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