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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 10 juillet 2022

 

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CinéAnalyse : À la poursuite d'un Juif errant

Zelig (Woody Allen, 1983) - L'identité de celui dont l'identité est de ne pas en avoir est aussi une identité, celle qui oblige à vivre dans l'aporie

CinéAnalyse : À la poursuite d'un Juif errant
   
   
   
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CinéAnalyse : désert, aporie, où l'œuvre surgit                     CinéAnalyse : désert, aporie, où l'œuvre surgit    

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Comment aborder de grands sujets avec un délicieux humour... Dans un sens, il s'agit du Juif déculturé capable de prendre n'importe quelle identité. Dans un autre sens, il s'agit d'un jeu entre l'histoire (telle qu'elle est montrée par les documentaires), le commentaire savant (Saul Bellow, Charles Bettelheim, Susan Sontag), la farce, une réflexion sur l'essence même du cinéma, où un acteur (Woody Allen) lui-même est capable de prendre tous les rôles et d'épouser toutes les femmes. Qu'est-ce que le cinéma? Le passage de Zelig dans une sorte de réel, le réel filmique.

Zelig, le conformiste ultime qui n'a pas d'intériorité, est toujours visible, médiatisé, filmé. Les journaux n'arrêtent pas de commenter ses aventures. Tant qu'il n'a pas d'intériorité (il pourrait être n'importe qui), il ne peut pas se sentir coupable, mais à partir du moment où la docteur Fletcher le soigne, il comprend qu'il n'aurait pas du se marier avec d'innombrables femmes, se prétendre dentiste ou gynécologue alors qu'il n'y connait rien. Que fait-il alors? Il va en Allemagne s'identifier avec les nazis. Pousser la culpabilité jusqu'au bout lui permet de s'en délivrer absolument quand il revient aux US. C'est alors le triomphe de sa déculpation. "His sickness was also at the root of his salvation" dit le commentaire. Il a fallu qu'il s'identifie au pire du coupable pour se délivrer de sa culpabilité, mais ce n'était que pour replonger.

 

 

Il faut à ce film une figure de l'accueil (Mia Farrow, qui le rejettera plus tard avec violence). Elle est la seule à pouvoir arrêter l'errance.

Que vient faire l'insistance sur Moby Dick dans ce film? Je me pose la question à cause du Livre de Jonas. Au moment où il meurt, Zelig est en train de lire Moby Dick (ce qu'il n'avait jamais fait de sa vie), mais malheureusement, dit-il, il ne connaîtra pas la fin. Zelig est un Jonas qui s'enfuit dans le ventre du nazisme, pour revenir héroïquement et finalement mourir (comme Achab). Le Jonas biblique, à la fin du livre, souhaiterait lui aussi mourir (d'ailleurs on ne sait pas s'il meurt oui ou non).

 


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