Le procès du roi Louis XVI, en décembre 1792, suivi de son exécution le 20 janvier 1793, est un acte terrible et cruel, irréversible, et aussi un piège, une fiction qui ne conduit pas à l'élimination ou la destruction du souverain, mais à la mise en scène d'un passage par lequel sa toute-puissance, son énergie cachée sont transférées. Par ce vrai transfert, le sujet reste assujetti. Le sang du roi coule, son cadavre est montré comme était montré celui de l'éléphant disséqué en présence de son aïeul Louis XIV. Le spectateur peut avoir l'illusion qu'il a été acteur, qu'il a produit l'histoire, mais il n'a été qu'une marionnette. L'histoire qu'on lui raconte et qu'il raconte lui-même est un culte, une cérémonie. Ce qui s'y joue est une lutte pour la souveraineté, un partage entre les fragments d'une souveraineté divisible. Le roi décapité ouvre un héritage, une transmission, la possibilité d'un nouveau partage, d'une autre économie (peuple, nation, démocratie, république). Le souverain ne s'arrête pas, il continue. Vive le roi!