C'est une déclaration liminaire prononcée par Jacques Derrida, une adresse à ses auditeurs. Il l'écrit d'abord en italiques (déclaration) puis entre guillemets, comme s'il se citait lui-même, avant de faire la liste des "acceptions" de cette phrase, de l'analyser. Lorsque nous parlons d'hospitalité, nous utilisons un lexique, des mots dont le sens nous est familier : inviter, accueillir, recevoir, etc. Nous souhaitons la bienvenue à l'autre ou à l'étranger dans notre langue, et nous croyons savoir ce que cela veut dire. Mais l'hospitalité n'est pas un objet, ni un étant présent. C'est une expérience énigmatique, un appel à l'acte, à l'intention, au-delà du savoir. C'est une adresse à l'autre, une invitation, une loi, une obligation, un devoir-être plutôt qu'un être.

L'hospitalité n'est ni une chose, ni un objet, c'est une expérience qui se porte vers l'autre, l'étranger absolu, l'inconnu. Si elle se donne à penser, c'est au-delà du savoir. Quand elle s'annonce, c'est comme un devoir, un droit, une obligation, une adresse, une invitation, voire une loi - pas comme un étant-présent. Impérative, elle est aussi contradictoire, paradoxale.

A son arrivée en France, Ismaël fait la queue au guichet de l'aéroport, dans le film Adieu, d'Arnaud Des Pallières (2003).

Ce que Derrida énonce là, c'est ce qu'il appellera plus tard un principe inconditionnel.