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Sources (*) : L'espace de dissémination               L'espace de dissémination
Nimos Kefa - "Déambulations dans l'espace vocal", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 19 mai 1996

 

Points-sources (Bertille S., 2012) -

Des voix sont les points-sources du monde actuel

   
   
   
                 
                       

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Supposons qu’il existe quelque part un point fixe qui serve de repère. Soudain, sans prévenir, ce point perd sa position centrale. Il existe toujours mais il est bizarrement décalé, déchu. La position du centre, toujours là, est vide; tandis que le point supposé occuper le centre n’y est plus tout à fait. On a un sentiment d’étrangeté, une sensation de perte, voire de drame. Pourquoi? Pas à cause de la disparition du centre (d’ailleurs, il n’a pas disparu). Mais parce que ce qui le remplace n’est plus au centre. On n’a pas seulement égaré tel point fixe (par exemple le soleil, ou bien le coeur comme centre du corps, ou encore la vérité comme point d’orgue de la connaissance), on a égaré la fonction même du point fixe. On l’a égarée, mais elle nous manque, donc elle est encore là. J’avance ceci : quand une telle chose se produit, il ne peut nous rester comme point central que la voix. La voix est ce qui nous reste quand nous sommes sur le point de perdre toute humanité. Elle est le seul organe dont on ne peut priver ni le mourant ni le prisonnier. Même dans les pires tortures, même quand la langue est tranchée, même dans le dénuement extrême, il reste toujours au sujet une voix potentielle, exprimée ou inexprimée. Et nous en sommes là. La culture n’a jamais été aussi riche, habile, savante, et pourtant elle n’a plus d’autre repère que la voix. Mais ça n'est pas encore ça qui est le pire. Le pire, c'est que la voix n'existe plus. Elle a explosé.

Il y avait un centre. On le plaçait sous terre, sous nos pieds, ou bien dans le ciel, ou encore au coeur du soleil. Certains ont dit qu'il avait disparu, mais ils se trompent. Le centre est toujours là. Qu'on l'appelle trou noir, ou bien encore individu, sujet, il est toujours là. Un centre divisé, barré, névrosé, réduit à des panels ou des fichiers, à l’addition de ce qu’il consomme ou à la soustraction de ce qu’il coûte, mais bien vivant. Toutes les dénégations ont beau passer par-dessus, il nous reste l'expérience de cette expérience, et l'expérience du souvenir de cette expérience.

Donc, tout le monde s’étant déchargé du centre, il n’est plus resté que des points de retraits; et c’est alors que le grand événement s’est produit. Il s’écrit comme cela : Des traces de voix se sont substituées aux points de retrait. Cela s'est fait en deux temps :

- la voix s'est détachée;

- elle s'est dispersée, hurlant aux éclats, prenant une place démesurée et même toutes les places, investissant tous les lieux : artefacts, monstrueuses prothèses, excroissances des fonctions humaines, images, réseaux.

C'est ainsi qu'on est arrivé au point crucial, au stade actuel des révolutions coperniciennes qui se sont succédées et continuent encore sous nos yeux.

 

 

Les voix, points-sources, ne sont pas au centre. Elles se trouvent aux points qui tiennent lieu de centre. Cette place n’est pas vraiment la leur; elles ne l'occupent que parce que tous les autres points s’en sont retirés (mais elles l'occupent). Il y a eu la terre, le soleil, le coeur, le sujet, la famille, il y a eu dieu et je ne sais quoi encore, et puis c’est terminé. Plus rien n’est au centre. Les voix profitent de l’espace libre. Ouvrons-leur cet espace encore plus grand, permettons-leur de se démultiplier, ajoutons nos propre voix (ou ce qu'il en reste) aux leurs.

L’oralité des premiers millénaires, celle d’avant l’écriture, cette oralité-là nous a lâchés depuis longtemps. Jamais on ne la retrouvera, on en a perdu jusqu’au souvenir. La parole rationnelle, celle du logos, nous a également lâchés. Mais la voix actuelle, moderne, post-moderne et porteuse d’avenir, celle du téléphone, de la radio et du cyberespace, celle qui nous a formés et qui continue à nous former, extension, transmigration de la défunte culture orale, celle-là revient à nous, renvoyée en écho par la technique.

 


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