Les protocoles informatiques mis en oeuvre sur le Réseau et leur architecture résultent de décisions prises pour faciliter certains usages. Que ces décisions soient contraintes par des exigences de cohérence scientifique ou d'opportunité technique, ne change pas leur nature. Le code, quelqu'il soit (civil ou logiciel), codifie les valeurs. Exemple : l'Internet Protocol (IP), en soi libre de droits, garantit le fait que des flux puissent s'y développer librement et que l'interconnexion de toutes sortes de réseaux en un système unifié soit possible. Ce protocole est porteur d'intentionnalités. La structure du réseau est plus informationnelle qu'industrielle.

Les démocraties modernes ont pris en considération les réseaux. On peut payer ses impôts, faire des déclarations ou même voter en ligne. Ce sont des faits incontestables, mais en quoi affectent-ils nos idéaux politiques? On ne peut pas mesurer cette influence avec les concepts traditionnels. Participer à un forum, rédiger un blog, interpeller un responsable ou consulter des flux RSS sont des pratiques qui ont leur logique et leur temporalité propres. On ne peut pas les réduire à des notions comme désintermédiation démocratie directe ou participation. Il s'agit de la production d'un nouveau discours politique avec de nouvelles possibilités (les affordances du Réseau) encore balbutiantes, de nouvelles médiations technologiques et normatives, d'autres formes de prise de parole et d'écriture.