En enchâssant son texte Circonfession dans chacune des pages de l'édition du livre de Geoffrey Bennington, Derridabase, paru en 1991 aux éditions du Seuil, Jacques Derrida fait contraster la crudité de sa propre expérience (autobiographique) - son rapport à sa mère, à la circoncision, à la prise de sang qui touche au corps - avec le projet de Geoffroy Bennington - qu'on peut présenter comme une sorte de logiciel, une mise en ordre qui vise à réduire l'oeuvre du philosophe à ses composantes logiques, ses articulations. Mais ledit philosophe se méfie de cette réduction. Il fait état de son scepticisme. Si le projet arrivait à ses fins, il comprendrait tout. Il serait proche du Dieu de Saint Augustin, celui qui sait tout d'avance. Ce serait un théologiciel, une subjectivité absolue capable de savoir absolu.

Produire une grammaire, une loi de production de tout énoncé, ce serait priver le signataire (lui-même Derrida, qui n'est pas qu'un philosophe) de passé et surtout d'avenir. →

→ Or - dira-t-il plus tard - l'annulation de l'avenir est le plus grand risque, le mal radical.