La représentation est constituante. Elle atteste d'une énergie nouvelle qui déracine le moi. J'ai limité ce monde, je l'ai enfermé dans une maison, mais les éléments entrent par la porte et par la fenêtre. Tant que je jouis de ces éléments, tant que je les possède, je ne peux pas me les représenter. Pour voir les choses en elles-mêmes, il ne suffit pas de les aborder, il faut que j'apprenne à les donner. C'est seulement en refusant la jouissance et la possession, en quittant l'espace où je baigne, que je peux me représenter ce dont je vis. Il faut pour cela rencontrer le visage indiscret d'Autrui. Se retirer, se recueillir à distance des choses, ne suffit pas pour se mettre en question. Le langage, qui est cette mise en question, exige quelque chose de plus : la relation avec Autrui qui me situe absolument au-dessus du moi et du non-moi. A partir de cette mise en question seulement, je peux déterminer l'Autre par le Même sans que le Même se détermine par l'Autre : la définition de la représentation.

Par son épiphanie dans le visage, Autrui paralyse la possession. Il m'aborde de haut. Je peux m'emparer de cet Autre sans le supprimer, je peux l'accueillir dans ma maison en la lui ouvrant. Alors seulement, par l'enseignement de l'Autre, peuvent venir le langage et la représentation.