Quand je rencontre le visage d'autrui, il me met en question. Il ouvre la dimension de l'infini. Il paralyse la possession. Sa voix, qui vient d'une autre rive, enseigne la transcendance. Une force crève le plafond de la totalité et place le sujet dans une nouvelle dimension : celle du langage, qui accomplit la mise en commun originelle.

Une chose reçoit du mot une universalité qui l'arrache à l'"hic et nunc" de la possession. Cette généralisation est un événement éthique. C'est une première donation, une dépossession originelle par laquelle le langage désigne la chose à l'autre. L'intention du langage n'est pas d'idéaliser, mais d'offrir le monde à autrui. Cette offre généreuse est au-dessus du travail. Il n'y a là ni logique formelle, ni action sensée, mais réponse au visage.

Dès qu'Autrui se manifeste, il y a discours et enseignement. Toute parole, tout langage, est enseignement. C'est l'ouverture de la dimension même de l'infini. Avec l'enseignement se produit l'extériorité.