S'il y a une unité de l'homme, il faut la situer sur le plan plus large de l'histoire de la vie qui inclut tous les autres vivants et ne peut être pensée qu'à partir de concepts plus "vieux" que l'humain (la trace, le gramme, la différance), des inscriptions ou des programmes à travers lesquels cette histoire s'articule.

Comment la conscience intentionnelle devient-elle possible? A la suite de Leroi-Gourhan, Jacques Derrida associe le gramme à une extériorisation toujours plus grande de la trace (la production d'artefacts de plus en plus nombreux et sophistiqués, qui libére la mémoire et culmine aujourd'hui dans les machines électroniques). La conscience apparaît quand le gramme émerge comme tel, dit-il. Mais l'émergence comme telle n'est pas une présence, au contraire, c'est une structure de non-présence. On peut penser un concept de gramme, mais on ne peut pas saisir le gramme (pas plus que la trace). Avec la subjectivité dite consciente, dans le même mouvement, les possibilités de mise en jeu du gramme sont élargies [par l'écriture, le langage, l'héritage], et le gramme lui-même est effacé, mis en réserve.