Derrida
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de Jacques Derrida

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Derrida, l'art, l'oeuvre                     Derrida, l'art, l'oeuvre
Sources (*) : Derrida, le beau               Derrida, le beau
Jacques Derrida - "La vérité en peinture", Ed : Flammarion, 1978, pp108, 111

 

Chaussures -

Derrida, la dissémination

Ce qui est beau, c'est la dissémination : une coupure pure, sans négativité, un pur parergon supplémentaire sans thème, ni texte, ni représentation, ni signification

Derrida, la dissémination
   
   
   
Le beau, trace du "sans" Le beau, trace du "sans"
Derrida, le parergon               Derrida, le parergon  
Derrida, le supplément                     Derrida, le supplément    

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Kant distingue entre deux espèces de beauté : la beauté libre, qui ne présuppose aucun concept de l'objet ni aucune finalité, et la beauté adhérente, qui est conditionnée à une fin. Comme exemples de beauté libre, il choisit une tulipe, certains animaux sauvages, ou encore, dans le domaine de l'art, des dessins dits « à la grecque » [dessins en ligne droite de forme labyrinthique] ou des rinceaux d'encadrement [motifs en arabesque de feuillages, de fleurs ou de fruits sculptés ou peints servant d'ornement en architecture ou dans les arts décoratifs]. Pour ces deux derniers cas, Jacques Derrida ne manque pas d'observer qu'il s'agit de parerga, c'est-à-dire de purs motifs séparés du contenu et montrés tels quels. Ainsi le parergon peut témoigner d'une beauté plus « libre » que l'ergon. Si l'oeuvre est idéalisée ou soumise à un modèle, c'est le parergon qui concentre le beau. De même que, si l'on considère une tulipe uniquement pour sa beauté, on ne s'intéresse pas à sa fonction fécondante (la biologie de la fleur n'intéresse que le savant, pas l'esthète), si l'on considère un motif d'encadrement uniquement pour sa beauté, ce qu'on a en vue n'est plus un bord, mais un pur supplément. C'est pourquoi Derrida ajoute :

"Ce qui est beau, c'est la dissémination, la coupure pure sans négativité, un sans sans négativité et sans signification" (La vérité en peinture p108).

La négativité a un but, elle est signifiante, tandis que le pur encadrement est sans but, sans signification. Le considérer dans sa pureté, c'est radicaliser encore plus la position de Kant.

 

 

"Ôtez d'un tableau toute représentation, toute signifiance, tout thème et tout texte comme vouloir-dire, enlevez-lui aussi tout le matériau (la toile, la couleur) qui selon Kant ne peut être beau pour lui-même, effacez tout dessin orienté par une fin déterminable, soustrayez le fond mural, son soutien social, historique, économique, politique, etc, qu'est-ce qui reste? Le cadre, l'encadrement, des jeux de formes et de lignes qui sont structurellement homogènes à la structure de cadre." (La vérité en peinture p111).

On approche ici d'une définition de la beauté qu'on pourrait qualifier de derridienne. Tout ce qui est dépourvu de sens n'est pas beau; mais le sans thème, le sans texte, s'il procède du "sans de la coupure pure" [s'il est coupé non seulement de toute finalité, mais aussi de tout type de contenu, s'il est réduit à une pure coupure, sans horizon, ni représentation, ni signifiance, à un "sans" absolument sans rapport et même sans nom, qui ignore même absolument de quoi il est "sans"], eh bien le beau, c'est cela. Est-il exagéré de dire que c'est le genre de beauté qui fait jouir Jacques Derrida?

 


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