Derrida
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Ah, l'art? Que des apories!                     Ah, l'art? Que des apories!
Sources (*) : Par l'irrépétable s'attise la reproduction               Par l'irrépétable s'attise la reproduction
Walter Benjamin - "Oeuvres III", Ed : Folio-Gallimard, 2000, p271 - L'oeuvre d'art à l'époque de la reproductibilité technique

 

Un couple et une fille avec des livres et une boite (Anonyme) -

Benjamin, l'aura

Il est du principe de l'oeuvre d'art d'avoir toujours été reproductible

Benjamin, l'aura
   
   
   
                 
                       

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Benjamin affirme cela d'emblée, dès le début de son texte sur L'oeuvre d'art à l'époque de la reproductibilité technique, en avançant cet argument : "Ce que des hommes avaient fait, d'autres pouvaient toujours le faire". Comme s'il suffisait qu'une oeuvre d'art ait été faite par un artiste pour que d'autres puissent la (re)faire! Et deux pages plus loin, il dit à peu près le contraire. Sans doute a-t-il voulu distinguer le principe de l'oeuvre d'art qui, en tant qu'objet, est reproductible, de sa réalité empirique, qui ne l'est pas nécessairement (en fonction des moyens techniques disponibles). Selon Benjamin, qui écrit cette version du texte en 1939, toute oeuvre d'art qui peut être reproduite, compte tenu des techniques de l'époque, l'est effectivement. Dès qu'on dispose de la fonte ou de l'empreinte (comme les Grecs), de la gravure sur bois, de l'imprimerie, de la lithographie, de la photographie, du cinéma, etc, on s'en sert; et le processus culmine vers 1900, quand presque tout devient reproductible.

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Cela rappelle la remarque fameuse selon laquelle n'importe quel singe pourrait écrire les oeuvres complètes de Shakespeare en tapant au hasard sur une machine à écrire. Ce ne serait qu'une question de temps! L'absurdité de la remarque souligne l'unicité de l'oeuvre shakespearienne (que Benjamin appelle authenticité et dont, ici, il néglige l'impact) que véhicule l'aura.

 

 

Benjamin précise qu'il préfère éviter d'utiliser le mot de création, car ce même mot pourrait servir aux fascistes (comme si c'était à eux, les fascistes, de décider des mots dont nous nous servons!). Il s'ensuit une étrange ambiguité : si l'oeuvre n'a pas de créateur, alors elle est un simple produit, et il n'y a plus de différence de principe entre la production et la reproduction, CQFD. Contre-argument : ce n'est pas parce qu'un film est reproductible que la création d'un film l'est aussi! Imaginer le film, écrire le scénario, le réaliser, tout cela ne se fait qu'une seule fois, c'est un événement irrépétible et perdu, quel que soit le nombre final de copies.

 


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