Pour critiquer les théories d'Harold Rosenberg sur l'"Action Painting", Mary McCarthy a déclaré : "On ne peut pas accrocher un événement sur un mur, seulement une peinture". Réduire l'art à une gesticulation, c'est l'abolir. La victoire de l'art, c'est faire de l'acte du peintre une peinture dont on puisse dire, une fois qu'elle est finie : Elle est bonne ou mauvaise.

Mais qu'est-ce que l'art? Quelle différence y a-t-il entre l'art véritable et l'art faux? Pour répondre à cette question, il faudrait d'abord savoir quand un objet d'art est achevé. Il faudrait tenir compte de la séparation contemporaine des oeuvres d'art et de leurs corps physique : les reproductions dans les livres et magazines; les interprétations proposées par les critiques, les historiens, les philosophes, les psychiatres; la place de l'oeuvre dans les compétitions politiques, institutionnelles, éducatives; son pouvoir de transformation sociale. Tout cela ne peut pas faire l'objet de contemplation ni d'évaluation esthétique. C'est plutôt une question d'énergie. L'Action Painting reflète les changements dans la configuration de l'espace à notre époque. Depuis que les cieux se sont vidés, il manque des murs où accrocher les images.