Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, le tout - autre                     Derrida, le tout - autre
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 1er avril 2006 Orlolivre : comment ne pas s'entendre, se sentir?

[Derrida, le tout autre]

Orlolivre : comment ne pas s'entendre, se sentir? Autres renvois :
   

Derrida, l'autre

   

Derrida, l'à-venir

   
                 
                       

Quelque chose vient infecter la parole vive. Cette chose à la fois interne et externe, Jacques Derrida l'appelle écriture. Ce qui se présente comme champ clos, constitué d'oppositions différentielles hiérarchisées, est depuis toujours altéré, du dehors et du dedans, par la différance, la dissémination. C'est ce mouvement, ce supplément, cette altérité absolue qui travaille le langage, que Derrida appelle le tout autre. Ce syntagme peut être entendu comme théologique, divin, transcendantal ou métaphysique. Il arrive à Derrida lui-même de se servir de ces mots, mais chez lui le transcendantal n'est que quasi- transcendantal, la métaphysique se clôt, Dieu n'est qu'un nom et la théologie, même d'apparence négative, se retire.

 

1. Le retrait sans retrait du tout autre.

Tout autre est tout autre est une formule dont il faut se méfier, comme de toutes les formules, car elle pourrait se muer en clef métaphysique, en théologie ou en athéologie. Et pourtant, cette formule, il la déclare, il l'affirme. D'une part, dans l'autre, il y a toujours du tout autre, de l'absolument autre; et d'autre part, le tout autre, ce n'est rien d'autre que l'autre. Faudra-t-il abandonner la distinction entre l'autre et le tout autre? Faudra-t-il supposer que l'autre en tant qu'autre, toujours différent de moi, toujours absolu, unique, singulier, est aussi absolument et infiniment autre que le tout autre? Sans doute. Chaque fois que je réponds à la demande d'un autre, de singularité à singularité, je sacrifie tous les autres. Je sacrifie ma responsabilité à l'égard de tout autre, de chaque autre unique, infiniment autre. Ceci étant dit, il reste à expliquer que Derrida rapproche tout autre est tout autre d'une autre formule, le secret de tous les secrets. Ce tout autre qui reste indéterminé et même innommé, à cheval entre l'adjectif pronomonial indéfini et l'adverbe de quantité, n'est que l'un des éléments d'une antinomie, d'une aporie. Si n'importe qui est tout autre, alors une règle d'exception s'applique universellement. Le tout autre invisible est généralisé. Le secret de tous les secrets, c'est que si l'autre est tout autre, le secret de ces secrets n'est là pour personne. Il est impartageable, aussi inaccessible que cette formule de la langue française intraduisible dans les autres langues. Les conventions sont fragilisées, la responsabilité n'a plus de fondement. On ne peut plus distinguer entre responsabilité et irresponsabilité, entre éthique, politique, droit et religion.

 

2. Inaccessible, le tout autre nous hante.

Toute croyance, crédibilité, acte de foi, prière, et même toute expérience de pensée, présuppose le tout autre. Mais c'est quoi le tout autre? Qui est-ce? Ce n'est pas l'altérité courante, c'est une altérité d'un autre ordre, au-delà de la vie comme de la mort. Il reste absent, silencieux, séparé, secret. On peut le vivre comme absence de chemin, paralysie, passage impossible, aporie, ou bien comme saut, disjonction, ou encore comme non-dit, énergie inassimilable, refoulement, dégoût, etc... On peut parler de trauma, de scène primitive, d'origine, mais quoi qu'il en soit, sa source est inaccessible. Aucune représentation ne peut se substituer à lui. Si l'on pouvait entrer en rapport avec lui, ce serait au lieu énigmatique de l'impossibilité de la présence : un lieu sans lieu (X sans X), celui du mouvement de la différance. Freud l'a pressenti sous le nom d'inconscient, puis de pulsion de mort - inscrit comme ininscriptible à même le principe de plaisir, inaudible, silencieux, mais pouvant toujours revenir autrement, ailleurs, faisant irruption comme extériorité, hétérogénéité ou supplément.

Sa marque, laissée dans la langue, entretient la promesse d'un ailleurs, d'une autre langue indécidable, sans itinéraire ni point d'arrivée. Aucune carte, aucune charte, aucun système d'orientation ne limite l'exposition à sa venue. Il est inanticipable, incalculable, imprévisible. Nous sommes à son égard dans une dissymétrie infinie.

On ne le voit pas. Comme l'archi-écriture, il est devenir-absent, devenir-inconscient; comme khôra, il est innommable, indicible, invisible. N'entrant dans aucun couple d'oppositions, puisqu'il n'est même pas leur autre, il n'est rien. Nous l'oublions.

 

3. On le rencontre.

Ce n'est pas l'homme qui détient le pouvoir souverain de nommer, signer, commander, c'est ce tout autre injustifiable, étrange, déroutant, inquiétant, qui m'excède, me surprend. Avec sa violence la plus indécidable, il donne à l'homme son nom. Il fait la loi, prescrit la réponse, la liberté et la responsabilité. Dès que j'entre en rapport avec cet autre absolu, unique, c'est ma singularité qui entre en rapport avec la sienne sur le mode de l'obligation inconditionnelle, du devoir. La justice puise sa source dans cette singularité. Dire qu'elle s'exerce à l'égard de tout autre, n'importe quel autre, c'est dire aussi que ce rapport au tout autre peut déborder, excéder ou même trahir la morale commune.

A chacun, dans sa singularité, le tout autre adresse une demande. Quand, par souci de justice, j'engage ma responsabilité à l'égard d'un autre (semblable, non semblable, dissemblable, différent, étranger ou même monstrueux), c'est lui, le tout autre, que je laisse venir. S'il vient, il ne rompt pas ma solitude. C'est un ami bien étrange dont il faut porter la voix, avec lequel ne s'instaurent ni communauté, ni lien, ni reconnaissance, ni réciprocité, ni égalité, ni proximité, ni ressemblance, ni parenté. Lui seul peut témoigner de la fiabilité de mes expériences, mais le risque qu'il me trompe, qu'il parjure ou qu'il trahisse, je ne peux ni l'exclure ni le conjurer.

L'altérité du tout autre s'annonce dans la chose, dans la trace, ou encore dans le visage. En tant qu'il peut toujours représenter autre chose, un autre contenu, tout signe en est porteur.

A chaque apparition d'un spectre, c'est le tout autre qui fait retour, dans une autre mise en scène.

 

4. Il nous salue, on s'adresse à lui, on le salue.

Oeuvrer à la déconstruction, c'est laisser se mettre en mouvement la différance de l'autre. Jacques Derrida propose le néologisme : "Invenir" pour décrire ce processus (Psyché, Inventions de l'autre, tome 1 p53). Les mots inventer et venir se rattachent au même réseau lexical (la venue, l'événement, l'avènement, l'avenir, l'aventure, la convention, etc). Inventer, c'est fabriquer méthodiquement du nouveau, de manière calculable et organisée, mais Invenir désigne un "laisser venir" d'un autre type. On peut se préparer à la venue du tout autre, en rêver, lui ouvrir un passage, faire un pas vers lui, mais on ne peut pas l'anticiper. Se préparer n'est pas une attitude passive : c'est travailler à déclôturer, destabiliser les structures. On peut accueillir l'altérité en lui disant "Viens" ou en répondant à son "Viens" à elle, mais on ne peut pas tracer un horizon d'attente où la rencontre se produirait. Aucun calcul ne permet de la prévoir ni de la gérer.

 

5. Il nous oblige, nous contamine.

Ce qui vient alors est une autre présence, une présence de l'autre qui coupe le souffle, au-delà de toute souveraineté. Paul Celan aurait voulu approcher une telle expérience par la poésie. Mais si chaque poème, dans la singularité de sa date et de sa signature, parle au nom d'un étranger, d'un Autre, ce qu'il ouvre n'est pas une présence, c'est une incertitude infinie, une aporie qui, peut-être, s'objective dans le beau.

Emmanuel Lévinas a avancé un néologisme, illéité, pour nommer un tout autre qui restait pour lui marqué de masculinité. Mais son oeuvre et ce qu'il dit de l'oeuvre disent autre chose : ce serait plutôt, en secret, un surcroît d'altérité non dite, une "elléité", qui nous contamineraient. Ce Dire féminin, celui du tout autre, Jacques Derrida le contresigne.

 

6.

On peut appeler messianicité cette ouverture. Contrairement aux religions, qui lui résistent autant qu'elles le peuvent, la messianicité n'a ni horizon, ni contenu. On peut la cerner par quelques concepts dont l'hospitalité inconditionnelle, qui ne dessinent aucun futur déterminé.

 

 

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Propositions

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La différance est l'économie qui met en rapport l'altérité radicale ou l'extériorité absolue avec le champ clos et hiérarchisant des oppositions différentielles

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Point énigmatique, impensable de la différance : elle est à la fois détour économique dans l'élément du même et rapport au tout-autre, à l'impossibilité de la présence

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En ajoutant un quatrième terme, la dissémination derridienne détruit l'horizon ternaire, qui gouverne la métaphysique

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Une avant-première langue, toute autre, laisse sa marque dans la langue - mais comme un dehors absolu, hors-la-loi, une promesse, un appel à venir

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L'altérité absolue de l'écriture altère du dehors, en son dedans, la parole vive

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L'expérience de la pensée est double : présence du logos et aussi exposition à l'événement, à la venue du radicalement autre, sans charte ni carte

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X sans X : En écartant le même du rapport à soi, ce re-trait le soustrait à son identité et laisse la trace de ce qui a toujours été dissimulé, le tout autre

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Dans la trace, le tout autre s'annonce comme tel dans ce qui n'est pas lui

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Si "Tout autre est tout autre", chaque fois que je suis confronté à l'autre, de singularité absolue à singularité absolue, je sacrifie tous les autres

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Chaque autre est tout autre, absolument autre

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L'expérience de la croyance présuppose celle du témoignage, du crédit qu'on accorde à la "bonne foi" du tout autre

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Si "tout autre est tout autre", la responsabilité est privée de fondement, on ne peut plus distinguer entre éthique, politique, droit et religion

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La formule "Tout autre est tout autre", c'est (dans le contexte derridien), le secret de tous les secrets

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Chaque fois qu'un spectre est présent, c'est l'événement même, tout autre

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Le sentiment du moi, son auto-affection ou sa jouissance ne tiennent pas à l'évidence du cogito, mais au témoignage d'un autre qui, avant tout acte de foi, peut trahir

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Dans sa folie, l'expérience de l'aporie fait appel à un acte de mémoire qui promet une structure tout autre, à venir

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L'aporie est ce lieu où, au bord de l'autre comme tel, il n'est même plus possible de constituer un problème

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Ce qui suscite le dégoût est innommable dans le système logocentrique : c'est l'autre absolu, indicible, auquel aucune représentation ne peut se substituer

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L'énergie du dégoût reste toute autre, inassimilable et absolument refoulée

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"La vie la mort" ne forment pas deux, mais une altérité d'un autre ordre

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Le discours sur khôra nomme une béance, un chasme, un abîme ouvert entre tous les couples institués et un autre qui ne serait même plus leur autre

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Par la crainte et le tremblement, on dit adieu ou à-Dieu à l'Autre, au tout autre absent, silencieux, séparé, secret, qui, dans la solitude absolue, ordonne d'obéir

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Khôra n'est rien : le lieu d'une restance infinie, d'un immémorial désert dans le désert, impassible, sans visage, tout-autre

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L'autre est celui qui garde le silence, celui qui, comme un tout autre ou un Dieu, ne partage pas avec nous son secret

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Le signe est porteur d'une hétérogénéité, d'une altérité absolue : le tout-autre

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La chose qui fait loi est au plus proche, et aussi toute autre - en elle jouit la vérité, comme en la serviette-éponge de Ponge

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C'est toujours l'autre qui signe, le tout autre - cette violence divine qui a donné à l'homme seul le pouvoir de nommer

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Depuis sa propre date, le poème s'adresse à une date toute autre : il conjoint et rassemble les deux dates hétérogènes en un même anneau

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L'altérité pure et nue du visage lévinassien, dépouillée de toute visibilité, qualité, prédicat ou propriété effective, c'est une définition spectrale du tout autre

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La justice puise sa source dans ce qui doit se rendre à la singularité de l'autre : antérieure à tout présent, plus ancienne que la mémoire même, elle vient comme l'avenir

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Dès que j'entre en rapport avec l'autre absolu, unique, ma singularité entre en rapport avec la sienne sur le mode de l'obligation inconditionnelle, du devoir

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Pour Francis Ponge, la chose n'est pas seulement ce qu'on peut décrire ou connaître, c'est le tout-autre qui dicte sa loi et m'adresse une demande, à moi dans ma singularité

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Déconstruire, c'est se préparer à la venue de l'autre : le laisser venir, "invenir", hétérogène et incalculable

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Le seul avenir désirable et digne d'intérêt, c'est de laisser se mettre en mouvement la différance de l'autre

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Pour répondre de l'oeuvre d'E.L., il aura fallu passer par ce qu'elle dit de l'Oeuvre : qu'elle ne lui revient pas mais qu'elle est une performance du tout autre, qui nous contamine

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Dès que je parle en mon propre nom, l'autre apparaît comme tel, comme "tout autre" qui m'excède, me surprend, m'assigne liberté et responsabilité, sans me les laisser

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L'hospitalité inconditionnelle lève l'immunité qui nous protège contre le tout autre; elle est impossible à vivre et incompatible avec quelque statut que ce soit

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Dans la "communauté" des amis, l'ami est tout autre : c'est un ami de la solitude - sans lien ni reconnaissance, ni réciprocité, ni égalité, ni proximité, ni ressemblance, ni parenté

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La messianicité est l'ouverture structurelle de la parole : dépouillée de tout, elle adresse son salut au tout-autre

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Dans la spéculation freudienne sur le principe de plaisir, la possibilité du tout-autre est d'avance inscrite à même ce principe, en tant qu'ininscriptible

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Le principe de plaisir revient toujours à lui-même, mais une hétérogénéité différantielle, une supplémentarité, un tout autre hantent ce retour à soi

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Comme la psychanalyse freudienne, la signature de Lévinas assume la marque sexuelle (masculine), et abandonne la différence sexuelle à un tout autre déjà marqué de masculinité

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En disant de l'oeuvre de Lévinas : "Elle aura obligé", Jacques Derrida ne distingue plus sa voix ni de la sienne (E.L.) ni du tout-autre, féminin, qui la contresigne

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L'Oeuvre de Lévinas, signée "Il", est dictée en secret par un surcroît d'altérité non dite : l'hétéronomie absolue du "Elle" qu'on retrouve dans son nom, "E.L."

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Une éthique de justice n'engage pas seulement ma responsabilité à l'égard du semblable, mais aussi du dissemblable, du tout autre ou du monstrueusement autre

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Par son absence, l'écrivain pratique l'écriture comme différance et économie de la mort, oubliant l'infiniment autre

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Au-delà de toute souveraineté - politique et même poétique -, on peut tenter de penser une révolution qui, dans la rencontre du tout autre, tourne ou coupe le souffle

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Le poème parle en son nom propre, le plus propre, mais toujours depuis l'espérance de parler au nom de l'Étranger, au nom d'un Autre et, qui sait?, d'un tout Autre

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La pure prière s'adresse à l'autre comme autre en ne lui demandant rien d'autre que de donner la promesse de sa présence - sans avoir à le déterminer ou le qualifier

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Il y va, dans la religion, d'une résistance à la disjonction, à l'altérité absolue - d'une production insistante du "même"

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Dans la religion, le tout autre fait la loi et prescrit la réponse et la responsabilité

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La religion croise deux veines irréductibles l'une à l'autre : croyance en un tout-autre auquel on peut accorder foi, crédit; expérience de l'indemne, du sacré ou du saint

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Un art ouvre l'incertitude infinie du rapport au tout-autre

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Le beau est une structure d'hétéro-affection pure : auto-affection affectée de l'objectivité pure du tout-autre

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Ce qui met Jacques Derrida en mouvement - la promesse d'un tout-autre, ailleurs, dans l'attente d'une langue - est inexplicable sans sa généalogie judéo-franco-maghrébine

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