Cette définition est celle que préférait Panofsky. Il la donne dès le début de son livre "La perspective comme forme symbolique", sous l'autorité de Dürer qui parle de "vision traversante". Là où se trouve le tableau réel dans sa matérialité, on doit avoir l'illusion d'un plan transparent. Il faut que l'illusion chasse le réel, que notre regard, qui en réalité s'arrête sur le tableau, ait l'illusion de le traverser comme s'il n'était pas là.

C'est le plan d'intersection de la pyramide visuelle (p41).

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On peut rapprocher l'usage fait ici du mot "chassé" de celui qui fait Jacques Derrida dans sa théorie de la conjuration. Des spectres sont là (ces choses absentes qu'on croit voir dans le tableau), ils sont dans notre espace à nous (le tableau réel), mais nous préférons les imaginer dans un autre espace vu par transparence (l'illusion picturale). Que chassons-nous? Ce qui, dans l'oeuvre picturale, n'est transformable ni en illusion, ni en signification. La notion de perspective (plan transparent) sert à ça : éviter d'être hanté par ce que notre imagination ne maîtrise pas.

Cette machine perspective (ou portillon) inventée par Dürer en 1525 semble moins contraignante que celle-là.