En tant qu'imitation, la mimesis n'est jamais satisfaisante. Elle peut procurer une jouissance sensible, un plaisir poétique, mais elle ne garantit aucune vérité, aucune réalité. Dans sa république idéale, Platon la réduisait au statut de simple ornement et la condamnait comme trompeuse. Si l'image mimétique de la chose n'est pas la chose, si elle n'est qu'un simulacre, si elle ne fait qu'interpréter, alors elle n'est qu'une duperie, une production de l'imagination. Mais le paradoxe est que cette ressemblance impossible ou fantasmatique est précisément ce qui nous captive et nous fait jouir. L'art commence quand la ressemblance parfaite est abandonnée. Il vise une beauté qui n'est pas celle des corps, mais celle de l'idéal ou des paroles en fonction desquelles les images sont produites. Les figures porteuses de tension, d'altérité, de fantasmes ou d'humour sont celles qui sont les plus valorisées.
Quand prend fin l'ère de la représentation, on ne renonce pas à la mimesis, au contraire, on joue sur ses restes - ce que d'ailleurs les peintres grecs Parrhasius et Xeukis savaient déjà faire. Des temps hétérogènes se juxtaposent dans le tableau. Les couleurs, par exemple, sont irréductibles à la reproduction du réel.
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