L'espace vocal a eu sur la forme tableau, née longtemps avant lui, un impact majeur. Toutes ses conditions de possibilité ont été contestées l'une après l'autre : le cadre, la surface, la matière, la représentation, etc... A l'issue de ce processus initié dès l'âge baroque jusqu'à Van Gogh, le tableau n'est plus une image, mais une caisse de résonance. Refermé sur lui-même, il n'a plus de point privilégié. Toutes les zones sont équivalentes. On ne peint plus à partir de l'expérience, on expérimente la peinture à partir de ses tensions internes ou externes, des paroles, des sentiments ou des cris qui se réverbèrent en elle.
C'est comme si chaque courant artistique, chaque auteur, avait voulu tester l'un des aspects du basculement. Picasso invente une nouvelle intelligibilité des formes qui menace la distinction entre sujet et tableau, Hodler peint l'eurythmie, Kokoschka un nouveau genre de résonance psychique, Victor Brauner explore les métamorphoses de la voix, les artistes du Bauhaus travaillent la profondeur vécue, etc ...
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