Jacques Derrida parle d'une oeuvre photographique. Quel est son sujet? C'est le droit de regards (droit au singulier, regard au pluriel, titre choisi par Marie-Françoise Plissart). Droit de regards de qui? La photographe (à la place de la Dame du jeu du même nom, elle est omnipotente et aussi soumise aux règles du jeu), le spectateur, les personnages. Qui donne ce droit, qui le fait passer? Tous ceux qui sont invités à se substituer par leur propre rhétorique aux trous du récit. La photographie met en scène des personnages et des tiers exclu (nous, les spectateurs, et aussi elle, la photographe, qui n'est pas tout à fait exclue car certains miroirs le reflètent). Elle met aussi en scène les règles produites par sa propre action dont, justement, le droit de regards, qui est aussi une règle (série de mises en abyme typique de la photographie). Elle met aussi en scène des photos particulières et la photographie elle-même.

Un jeu produit des règles qui s'imposent à lui, c'est une auto-affection. Quand la photographie est oeuvre (et non pas discours), elle est, elle aussi, jeu, productrice de différance.