Dans les innombrables Annonciations des peintres chrétiens, la Vierge est le lieu central. Elle n'est pas invisible comme le saint Esprit ou la Trinité, mais on ne peut pas non plus la réduire à son personnage. En elle l'invisible agite le visible, le dissemblable habite le reconnaissable.
En son corps à venir, impensable, se rencontrent le céleste et le terrestre. Le visible et le virtuel sont dialectisés. Elle est terre et temple, demeure ici-bas de dieu. Sa maison est une enveloppe qui capte le regard : architecture ouvragée, arcades, sols marbrés ou pavés. La plupart des figures qui la désignent sont spatiales : area, campus, fons, alveus. Si elle peut dire : "Je suis la Vierge", c'est comme jardin, réceptacle, trône, chaire, nid, demeure, etc... Son hymen est intact, infranchissable. Seule la parole divine peut l'ouvrir.
Marie est le lieu fondamental, le réceptacle de la ressemblance à Dieu. L'Annonciation la consacre comme habitation du Verbe. Quand elle annonce le fiat mihi secundum..., sa bouche se descelle. Elle s'emplit d'un corps mystérieux.
Maria Locus est aussi Maria Thesaurus. Son utérus est le lieu de l'incirconscriptible : un réceptacle qui n'a pas de limite. En elle doit naître l'ombilic du rêve.
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