Parler du sujet d'un tableau de la Renaissance, de ses motifs, de son thème, expose à l'erreur ou à l'incohérence. Ce qui y est représenté n'est pas (seulement) un récit, un objet du monde visible ou une notion abstraite, mais un mystère. On en trouve les traces dans les ciels bleus de Giotto, les taches rouges (Noli me tangere), blanches (Mise au tombeau) et les surfaces étranges qui parsèment les oeuvres de Fra Angelico, des pans de sa Conversation sacrée à l'escalier du Couronnement de la Vierge. Les frères du couvent de San Marco où il était dominicain ne lisaient pas ces peintures comme des bandes dessinées, ils y recherchaient des indices d'une figure non visible, une figure dissemblable, indéterminée, déplacée par rapport au contenu ou au thème iconographique auquel nous avons tendance aujourd'hui à nous limiter. Entre l'image et le texte, il n'y avait pas correspondance, comme le souhaiterait l'iconologie panofskyenne, mais déplacement, écart. Dans certains cas, il s'agit d'allégories dont les défigurations et les déformations sont explicables, mais dans d'autres, on ne peut pas traduire l'image en contenu ni la projeter dans une signification.
La peinture religieuse tire sa nécessité d'une énigme non résolue, celle de l'Incarnation. Elle est le vestige de confins inaccessibles. C'est un champ d'exégèse qui joue du déplacement, de l'entrelacs, de l'équivoque.
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