En se détachant de tout modèle et de tout référent perceptible, l'oeuvre d'art ouvre un jeu de substitutions qui ne contient en lui-même aucune limite, aucun arrêt intrinsèque. C'est cette ouverture infinie qui rend indispensables les encadrements, descriptifs, légendes, commentaires, analyses iconologiques ou scientifiques etc... Même entièrement balisée, l'oeuvre fait toujours un peu peur par sa capacité illimitée de mise en rapport. Elle peut, pour n'importe qui, fabriquer de l'autre, du tout-autre, une altérité aussi excessive qu'imprévisible.

Le paradoxe, c'est que cette capacité, en elle-même subversive, hétérogène, conduit inéluctablement à d'autres surenchères : celles des experts qui tendent à s'approprier les oeuvres d'art en les intégrant à un savoir constitué; ou celle du marché de l'art, à l'affût de tout ce qui peut se démultiplier sans bornes. En corsetant, enfermant cet objet dangereux qu'est l'oeuvre, on peut en tirer profit : double avantage.

Le crâne de Damien, couvert de diamants.