La représentation classique est une sorte de boîte, bien visible, dans laquelle l'image doit s'inscrire. On la trouve au théatre ou dans certains courants de la peinture. Le représenté est réduit au silence, mais il reste présent grâce à la représentation.
La représentation classique est en crise. Débordée, dédoublée, enveloppée par l'espace vocal et travaillée de l'intérieur par la dissémination, elle lâche du lest de toutes parts, mais ne meurt pas. Le régime esthétique de l'art la touche, mais ne la coule pas. Elle résiste.
Toute image porte un malaise, car elle contient des éléments qui échappent à l'hégémonie du langage, comme la couleur, ou au contrôle de la conscience, comme dans un rêve. Donc toute image menace, dans une certaine mesure, la représentation.
Dès l'origine, un supplément habite et altère la présence, faisant naître le désir. Ce supplément est l'essence de la pensée. Invisible, il promeut la représentation comme seconde présence.
L'idée d'un rapport direct avec l'être, sans représentation, est exaltante. Rousseau l'imaginait dans la fête, et Marx dans le travail vivant. L'art abstrait en a eu l'ambition. Depuis Artaud, la question se pose sur la scène du théatre.
Les formes de la représentation évoluent, parfois selon des cycles.
L'idée esthétique dépend de l'imagination : elle peut représenter sans imitation ni concept, ce qui conduit à l'idée de beauté.
Sous-jacente à la question de la représentation est celle de l'irreprésentable. Il y a ce qu'on ne peut pas représenter pour des raisons conventionnelles, par exemple le cri selon Lessing, mais il y a plus grave, la crise de la représentation elle-même. Après Freud, Husserl et la mort de dieu, peut-on encore représenter?
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