Nous avons parfois le sentiment que des forces occultes vont surgir, des morts revenir ou des pensées se réaliser. Une angoisse ou une peur vient s'attacher à quelque chose de familier attaché à un complexe infantile. Nous ne ressentons cette impression étrange que si nous suspendons le critère de réalité. Il faut que l'impression soit vécue, et cela n'arrive que si quelque chose se passe qui lui donne une certaine crédibilité : une rencontre bizarre, une répétition inattendue, un bruit suspect, une vision énigmatique. Les complexes refoulés sont alors ranimés - ce qui se produit rarement dans la simple fiction.

Plus le complexe est refoulé, plus nous résistons à une pensée, plus l'impression est vive.

Dans la croyance aux fantômes ou aux esprits, ou lorsque nous éprouvons l'impression de revenir dans un lieu connu (il s'agit du sexe de la mère), c'est que nous sommes en présence de contenus refoulés. La frontière entre le réel et le fantastique s'efface. Il n'y a plus de distinction entre le symbole et le symbolisé.

Pour Derrida, il y a dans toute représentation un processus de ce type. Il se redouble dans la loi de l'hymen, qui est celle de la dissémination.