Les guerres de religion qui se déchaînent aujourd'hui sont immédiatement répercutées avec une vitesse et une ampleur sans précédent dans des médias digitalisés (prothèses sur prothèses), marketisés, "CD-ROManisés", sur Internet ou sur des réseaux de plus en plus émancipés des pouvoirs étatiques. Tous luttent pour contrôler l'espace au doigt et à l'oeil, Le pape, comme le Dalaï-Lama, maîtrise parfaitement sa communication, et des pélerinages aéroportés vers La Mecque sont organisés. Ces événements, dit Derrida, ont une puissance de témoignage qui s'intensifie sans cesse. Témoignage de quoi? De la relance mondiale des spectres fondateurs.

L'enjeu déclaré de ces guerres est déjà sans limite : les droits de l'homme, de la femme, la différence entre humain, dieu et animal, l'organisation politique et culturelle de l'humanité, etc... Des questions essentielle se posent : Qu'est-ce que l'histoire? le monde? le temps? l'être? le présent, la sainteté ou la sacralité? Mais cela ne va pas sans symptômes et fantasmes. D'autres enjeux restent non déclarés, encryptés. Qu'est-ce qui arrive en ce moment même? Qu'est-ce qui nous arrive? Qu'en est-il de la croyance, de la foi, de fiabilité ou de la crédibilité de l'autre? du sacro-saint, du sain et sauf, de l'indemne? [la relance des spectres fondateurs, de la virtualité spectrale, répond à cela].

La puissance de témoignage de ces phénomènes tient à ce qu'ils touchent à l'être dans sa propriété (le monde, l'histoire, le jour, le présent). Cette guerre n'est pas une guerre des religions, c'est une guerre des fondements.