Dès 1976, Jacques Derrida projetait d'écrire un livre sur la circoncision, le Livre d'Elie. Il en cite certains extraits dans Circonfession, en décrit et reproduit la page de garde avec pour titre en hébreu milah (circoncision), le mot qui signifie aussi mot, écrit deux fois. La date, 76, est elle aussi écrite deux fois. Il y a de nombreux livres de prophètes dans la bible : Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Osée, Jonas, etc., mais il n'y a pas de Livre d'Élie. Cela tient à son ancienneté, car il vient avant les autres prophètes (sauf Moïse et Josué), mais il vient aussi après puisqu'il n'est pas mort. Pour nous et sans doute pour longtemps, il restera à venir. Peut-être est-ce cette circonstance qui a conduit Derrida à choisir ce titre. Le livre d'Élie, c'est son livre à lui. Élie est son second prénom (prénom caché), de même que ses carnets sont son livre caché. Ne dit-on pas que dieu a chargé Elie d'être présent à chaque circoncision, c'est-à-dire à chaque renouvellement de l'alliance ? Lorsque Derrida se demande ce qu'il cherche, lui, dans l'écriture [recevoir l'hommage du prophète Elie qu'il a enfin reçu dans la mort] ou dans l'omniprésence de la circoncision sous d'innombrables noms [qu'enfin s'arrête sa compulsion à écrire], ne s'agit-il pas justement de cela, le renouvellement de l'alliance, une autre alliance dont il serait lui, Élie Derrida, le prophète?

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Ces carnets, qui contiennent des notes prises de 1976-77 à 84 (p220) seront-ils publiés un jour? Derrida l'a interdit. Ou bien toute l'oeuvre de Jacques-Elie Derrida tournant autour, est-il devenu inutile de les publier?

On pourrait se substituer à lui et s'engager dans l'écriture d'un autre texte sur le prophète Elie - sur l'écriture, l'alliance et la circoncision - thèmes radicalement renouvelés par Jacques Derrida (le philosophe).